La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) (43 page)

BOOK: La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition)
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8 novembre
1999

Assassinat d’une Américaine en Malaisie, apparemment victime d’un crime rituel.

L
a cour d’Ipoh, une ville située à 150 km au nord de Kuala Lumpur, a acquitté trois Malaisiens accusés d’avoir commis un meurtre « rituel » sur une Américaine, Bushell Ahmad, dont le corps n’a été découvert qu’en juin 2001, deux ans après les faits. Le but du rituel ? Requérir les faveurs de la déesse Kali pour obtenir les numéros gagnants du Loto. Ramasamy Planiappan, 39 ans, Michael Anthonysamy, 37 ans, et Christopher Earthiam, 31 ans, ont bénéficié des témoignages contradictoires de l’accusation. Un quatrième homme, le médium hindou Shanmugavala Shanmuga, décédé dans un accident automobile en 2001, aurait participé au meurtre par strangulation de Bushell Ahmad, le 8 novembre 1999. C’est le frère de Shanmugavala qui a guidé les enquêteurs jusqu’au cadavre de la jeune femme, dont les jambes étaient liées par une corde de nylon. Les os de ses mains et de ses pieds ont été retrouvés un peu plus loin, ce démembrement faisant partie du cérémonial magique.

9 novembre
1888

Dernier crime de Jack l’Éventreur, qui assassine et mutile Mary Jane Kelly.

« 
J
ack » commet son crime le plus abominable le 9 novembre 1888 sur la personne de Mary Jane Kelly, âgée de 25 ans, la plus jeune et la plus jolie des victimes. Le tueur en série de Whitechapel n’a plus tué depuis cinq semaines. Cette fois-ci, Jack a tout son temps pour se livrer à d’atroces mutilations puisqu’il se trouve chez Mary Kelly, au 13 Miller’s Court. Elle est éviscérée, ses seins sont tranchés et certains de ses organes empilés sur une table de nuit. Jack l’Éventreur est parti en emportant le cœur de sa victime : il ne donnera plus jamais aucun signe de vie. S’est-il suicidé ? Est-il mort accidentellement ? A-t-il été emprisonné pour un autre délit ? A-t-il été enfermé dans un hôpital psychiatrique ? Est-il parti à l’étranger pour poursuivre ailleurs son œuvre criminelle ? Le mystère demeure toujours, en dépit de toutes les pseudo-solutions définitives inventées par les « Ripperologues », ces experts autoproclamés des crimes de Jack the Ripper
1
.

10 novembre
2014

Arrestation à Angers d’un homme soupçonné d’une tentative de meurtre à la « Dexter ».

D
ans le quartier de la Roseraie, à Angers, une habitante a alerté la police après avoir vu un individu au comportement suspect pénétrer dans le hall de son immeuble. Une patrouille de la BAC l’a interpellé alors qu’il était vêtu d’une combinaison de protection blanche jetable, d’une cagoule et de gants en caoutchouc. Armé d’un objet contondant, l’apprenti Dexter se préparait à tuer un individu pour une affaire de dette liée à un
trafic de stupéfiants. Sa camionnette break était aménagée afin de permettre le transport du cadavre et de le dissoudre à l’aide de produits chimiques.

11 novembre
1859

Naissance de la tueuse en série Belle Gunness.

C
ette « Veuve Noire » du début du siècle recrute ses maris par l’intermédiaire de petites annonces. Ses victimes sont invariablement droguées puis étranglées, avant d’être démembrées ; les restes sont donnés à manger à ses cochons. Après l’incendie de sa maison, en avril 1908, on découvre les corps enterrés de ses trois enfants, ainsi que ce que l’on suppose être son propre corps. Elle aurait tué entre treize et vingt-huit hommes
2
.

12 novembre
2011

Deux jeunes femmes satanistes infligent plus de trois cents coups de couteau à un adolescent lors d’un marathon sexuel de 48 heures à Milwaukee, dans le Wisconsin.

R
ebecca Chandler, 22 ans, et Raven Larabee, 20 ans, qui partagent le même appartement à Milwaukee, postent une annonce sur Internet et finissent par attirer chez elles un adolescent de 18 ans. Appâté par des promesses d’ordre sexuel, il prend le bus depuis Phoenix, en Arizona. Il va subir un véritable calvaire. Elles le ligotent dès son arrivée avec du ruban adhésif. Tout en faisant l’amour avec lui, les deux jeunes femmes commencent à le piquer avec un couteau, avant de lui lacérer la peau. Le marathon sexuel dure deux jours. Une fois libéré, le jeune homme prévient immédiatement la police. Il présente des blessures sanglantes sur
l’ensemble du corps. La fouille des lieux permet de découvrir des livres consacrés au satanisme et aux sciences occultes. Les lits et le sol de l’appartement sont couverts de sang.

13 novembre
2002

Une femme handicapée et obèse est retrouvée pendue au lustre de sa chambre à coucher à Etterbeek, en Belgique.

E
lle s’appelait Chantal Vandermoosen, avait 46 ans, pesait cent kilos et était handicapée à 80 %, suite à une opération médicale mal menée. Elle a été retrouvée dans son appartement, rue Louis Hap à Etterbeek, pendue au lustre de sa chambre avec la laisse de son chien, le 13 novembre 2002. Et c’est son ami, Christian D., 53 ans, qui doit répondre d’homicide devant la cour d’assises de Bruxelles-Capitale, du 27 septembre au 1
er 
octobre 2004.

 

Chantal connaissait Christian depuis sept mois. Le jour de sa mort, selon la première version donnée par son ami à la police, elle lui avait annoncé qu’elle désirait se reposer un moment dans sa chambre. Au bout de quelques heures, inquiet de ne rien entendre du tout, Christian se rend jusqu’à la chambre, qu’il trouve fermée à clé. Quand il parvient à l’ouvrir, et découvre Chantal morte, il coupe la laisse et appelle la police. Deux semaines après le drame, il adopte une autre stratégie de défense : il aurait aidé sa compagne à se pendre, à sa demande. « Je l’ai fait par amour pour elle. Pour mettre un terme à ses souffrances. » Avant d’abandonner la théorie de l’euthanasie pour revenir à la première version des faits : elle s’est bel et bien suicidée toute seule.

 

Les enfants de la victime ont immédiatement émis des doutes sur cette version, déclarant que leur mère était maltraitée par son ami, dont elle avait peur et qu’il pillait son compte en banque. Les médecins légistes, de leur côté, constatent que la trace visible sur le cou de Chantal n’est pas compatible avec la laisse du chien. Enfin, l’accusation fait valoir, lors du procès, que la résistance du
lustre rendait quasiment impossible la version du suicide, au vu du poids de la victime. Quant au mobile, on pense tout d’abord à l’argent : Chantal Vandermoosen devait toucher une forte somme en guise de dédommagement à la suite de l’erreur médicale, et son ami avait obtenu d’elle une lettre faisant office de testament. Mais ce versement était soumis à une expertise médicale qui n’avait pas encore été effectuée – Christian n’avait aucun intérêt à la tuer
avant
. En outre, relève l’avocat de la défense, un policier d’Etterbeek, appelé le jour du drame, a lui-même testé la résistance du lustre, qui a tenu bon malgré ses quatre-vingt-dix kilos. L’avocat conclut : « Lorsqu’on ne sait pas, on ne condamne pas. On acquitte. » C’est ce que font les jurés, le 1
er 
octobre, après quatre heures et demie de délibération. Ils acquittent Christian D. au bénéfice du doute. Il est détenu depuis près de deux ans lorsqu’il quitte le Palais de Justice, libre.

14 novembre
2004

À Bomlitz, en Basse-Saxe, une mère de famille assassine son fils âgé de un an, tue ses deux chiens, avant de mettre le feu à sa maison.

D
ans la nuit du 14 au 15 novembre, à Bomlitz, en Basse-Saxe (Allemagne), une femme de 39 ans tue son fils âgé de un an de deux coups de couteau portés dans le cœur, elle poignarde ses deux chiens et met le feu à sa maison à l’aide d’essence et d’une bouteille de gaz. Un automobiliste apercevant l’incendie prévient les pompiers. À l’arrivée des secours, la femme se tient devant chez elle avec, dans les bras, le corps de son fils enveloppé d’une couverture. Elle présente une large coupure à l’avant-bras, laissant supposer une tentative de suicide. Intoxiquée par la fumée, elle est hospitalisée et n’est, le lendemain, toujours pas en état de parler. La femme vivait seule avec son fils, était séparée de son mari depuis un an et il semble que leurs relations se soient dégradées au cours des derniers mois, a déclaré un porte-parole du ministère public, sans autres précisions.

15 novembre
1924

Meurtre de l’acteur et producteur Thomas Ince à Hollywood.

W
illiam Randolph Hearst, le richissime magnat de la presse américaine, qui pèse au bas mot dans les quatre cents millions de dollars, est furieux des attentions que Charlie Chaplin prodigue à sa maîtresse, Marion Davies. En 1924, Hearst a 62 ans et Marion Davies, dont il a construit la carrière de vedette de toutes pièces, vient tout juste d’avoir 27 ans. En ce mois de novembre, Chaplin a un grand besoin de « consolations », s’étant retrouvé obligé d’épouser Lita Grey, une nymphette de 16 ans, qui attend un enfant de lui.

 

Pour célébrer le quarante et unième anniversaire de l’acteur Thomas Ince, Hearst organise une croisière à bord de son yacht, l’
Oneida
, dans la baie de San Diego. Parmi les quinze invités, les actrices Margaret Livingston, Aileen Pringle, le Dr Daniel Goodman, chef de production des studios Cosmopolitan, ainsi que l’écrivain Elinor Glyn ; Marion Davies, qui tourne au studio en ce 15 novembre 1924, est amenée jusqu’au port dans la voiture de Charles Chaplin. Au volant, son fidèle chauffeur-secrétaire Toriachi Kono. L’autre passager est Louella Parsons, une journaliste spécialisée dans les ragots cinématographiques.

Après une fête copieusement arrosée au champagne, le drame se noue, les invités entendent un cri : « Au m-m-m-meurtre ! », proféré avec le bégaiement caractéristique de Marion Davies, et suivi d’un coup de feu. Tom Ince est grièvement blessé à la tête. Deux versions « officieuses » des événements sont avancées : Charles Chaplin et Marion Davies se seraient éclipsés pendant la fête et auraient été surpris en flagrant délit par Hearst ; dans la confusion qui s’ensuit, c’est Ince qui écope de la balle destinée à Chaplin. Dans la seconde version, Hearst aurait vu Marion Davies parler en aparté avec un homme aux cheveux gris, qui lui tourne le dos. Croyant qu’il s’agit de son rival, Hearst perd tout contrôle et tire.

Le lendemain matin, le bateau accoste. Charles Chaplin veut partir, son chauffeur Kono voit Tom Ince être conduit à terre sur
une civière, inconscient, un trou dans la tête. Il est accompagné par le Dr Goodman. Ince décède le lendemain dans une chambre d’hôtel, à Del Mar.

Pendant ce temps, à bord de l’
Oneida
, William Randolph Hearst rassemble ses employés et ses invités pour concocter une version « officielle » : Ince aurait souffert d’une indigestion compliquée par une attaque cardiaque, d’où la nécessité de le déposer à terre en compagnie du Dr Goodman.

Manque de chance, le
Los Angeles Times
, un quotidien concurrent du groupe Hearst, annonce en une du 19 novembre : « 
Movie Producer Shot on Hearst Yacht
 » (« Un producteur de cinéma abattu sur le yacht de Hearst »). Mais cette une et l’article qui l’accompagne disparaissent mystérieusement des éditions suivantes du journal. Les journaux du groupe Hearst fabriquent à la hâte une autre version : Ince a eu une attaque cardiaque alors qu’il rendait visite à Hearst dans son ranch. Aucune mention n’est faite d’une quelconque croisière en bateau, alors que de nombreux témoins aperçoivent un Tom Ince en pleine santé monter à bord. Hearst change rapidement de version, évoquant la présence d’Ince à bord. Officiellement, Charles Chaplin ne fait plus partie de la croisière, pas plus que Louella Parsons qu’on dit se trouver à New York. Peu de temps après, elle se verra confier la rubrique vedette des pages cinéma de tous les journaux de Hearst… Tom Ince est enterré au plus vite le 21 novembre, son corps est incinéré.

Hélas pour Hearst, tout le monde ne raconte pas la même histoire. Vera Burnett, la doublure de Marion Davies, affirme avoir aperçu l’actrice partir pour San Diego en compagnie de Chaplin et de Louella Parsons. Kono, le chauffeur de Chaplin, indique qu’il a vu Ince être emmené sur une civière, avec une blessure par balle à la tête. Peu après, ces deux témoins changent leur récit pour le mettre en conformité avec la version « officielle » ; d’autres, comme l’écrivain Elinor Glyn, révèlent que Hearst leur a fait jurer de garder le secret. Toutes ces rumeurs déclenchent l’ouverture d’une enquête. Mais celle-ci se termine rapidement, se contentant du témoignage du Dr Goodman – qui est aussi chef de production et dont le salaire est payé par Hearst. Quelques années plus tard, le célèbre réalisateur D. W. Griffith remarque : « Dès que vous mentionnez le nom
d’Ince devant Hearst, celui-ci devient blanc comme un linge. Tout cela est une bien sale affaire, mais Hearst est trop puissant pour y être impliqué. »

16 novembre
1940

Le « Mad Bomber » dépose son premier engin explosif.

P
endant dix-sept ans, entre 1940 et 1956, un terroriste fabrique une trentaine de bombes, dont certaines n’explosent pas, pour les placer dans divers quartiers de New York. À lui seul il crée une véritable psychose de l’attentat, avant que le Dr James A. Brussel ne mette un terme à ses agissements grâce à un portrait-robot psychologique qui oriente les recherches de la police.

Des employés de Consolidated Edison Company découvrent la première bombe, de réalisation artisanale, le 16 novembre 1940, sur un rebord de fenêtre de la 64
e
Rue. Elle consiste en un tuyau de cuivre bourré de poudre. Une note entourant la bombe – qui n’a donc pas explosé – indique : « Escrocs de la Con. Edison, ceci est pour vous. » Pour les New-Yorkais, la Consolidated Edison Company est l’équivalent de notre EDF, et la police pense aussitôt que le terroriste a eu un litige avec la compagnie. Entre les employés mécontents ou renvoyés et les abonnés insatisfaits, le champ des recherches est bien trop vaste pour laisser le moindre espoir de résultat. Tout le monde oublie cet incident lorsqu’on trouve une deuxième bombe en septembre 1941, non loin d’une autre agence de la Con. Edison. Peu après l’entrée en guerre des États-Unis, le quartier général de la police de New York reçoit une lettre postée à Westchester, dans le New Jersey :

« Je ne fabriquerai plus de bombes pendant la durée de cette guerre – Mes sentiments patriotiques m’ont poussé à prendre cette décision – Après, la Con. Edison devra rendre des comptes en justice – Ils paieront pour leurs infâmes méfaits… F. P. »

Pendant quatre ans, « F. P. » demeure silencieux. Il se manifeste le 29 mars 1950, avec, cette fois-ci, un engin plus sophistiqué. La bombe, qui n’explose toujours pas, est trouvée sur un des quais de la gare de Grand Central Station. Les deux engins suivants fonctionneront, eux, à la perfection : en avril 1950, à la New York Public Library et, à nouveau, dans Grand Central Station, dans une cabine téléphonique. Par chance, personne n’est blessé. Puis trois autres bombes sont trouvées et désamorcées à temps, dans des immeubles de la Con. Edison et dans une salle de cinéma. Sur les huit bombes du début deux seulement ont explosé, mais en 1951 et en 1952, quatre nouveaux engins font de nombreux blessés ; les charges explosives augmentent au fur et à mesure en puissance. Malgré le relatif silence de la presse réclamé par la police, « F. P. » se voit attribuer le surnom de « Mad Bomber », au début de l’année 1953.

 

Deux autres années passent, pendant lesquelles, « F. P. » fait sauter huit bombes, la plupart cachées dans le rembourrage de fauteuils de cinéma dont il découpe le fond pour y placer l’engin. En 1955, six bombes explosent, sans que la police ou les médias ne mentionnent les lettres du « Mad Bomber », pas plus que ses griefs envers la Con. Ed. Le 2 décembre 1956, à 20 heures, une énorme déflagration fait six victimes parmi les spectateurs du Paramount Theater, à Brooklyn. Dès le lendemain, le préfet de police de New York, Stephen Kennedy, annonce dans une conférence de presse que son département va consacrer tous ses efforts pour stopper ces attentats, « même s’il faut, pour cela, utiliser des méthodes inhabituelles ».

Parmi ces « méthodes inhabituelles » figure une visite de l’inspecteur Howard Finney, directeur du laboratoire de la police de New York, au Dr James A. Brussel, psychiatre de profession et criminologue averti. Pour le Dr Brussel, l’homme souffre d’une paranoïa aiguë. À partir de cette donnée mentale de base, le psychiatre lui attribue les caractéristiques physiques suivantes : « Il est bâti de manière symétrique. Ni gros, ni mince. » Il se réfère pour cela aux travaux du psychiatre allemand Ernst Kretschmer, qui, ayant étudié près de dix mille malades, en arrive à la conclusion que 85 % des paranoïaques possèdent un corps athlétique et bâti symétriquement. « Il est d’âge moyen, poursuit Brussel, car la paranoïa se développe lentement : elle ne donne généralement pas sa pleine mesure avant l’âge de 35 ans. Comme le “Mad Bomber” pose des bombes depuis dix-sept ans, je dirais que son âge se situe aux alentours de la cinquantaine. »

Les lettres du terroriste confirment l’avis du Dr Brussel. L’écriture est nette, précise, impeccable. Si l’on émet l’hypothèse que c’est un ancien employé de la Con. Ed., son travail a probablement été exemplaire. Il a dû mener une existence tranquille jusqu’à ce que survienne une injustice. Son utilisation un peu formelle du langage suggère un homme né à l’étranger, ou qui a vécu avec des parents étrangers : il utilise des expressions du genre « infâmes méfaits » ou « Con. Edison », alors que n’importe quel New-Yorkais de souche emploie depuis des décennies l’abréviation « Con. Ed. ». En développant cette hypothèse, le Dr Brussel dresse le portrait d’un homme seul, un célibataire que les femmes intéressent peu, ou pas. Il n’a pas d’amis. Poli, aimable, souriant, il ne va jamais plus loin, il ne dépasse pas le stade d’une relation superficielle. Il vit très certainement dans une maison : il est plus facile d’y fabriquer des bombes à l’abri des regards. Il vit seul ou en compagnie d’une figure maternelle – une dame âgée qui lui rappellerait sa mère, une tante peut-être ? Le Dr Brussel avance l’hypothèse que le « Mad Bomber » est slave. La tradition veut en effet que les bombes et les couteaux soient les armes typiques des peuples de l’Europe centrale. Si c’est le cas, il doit assister régulièrement à des messes, le dimanche, dans une église. Ses lettres ont presque toutes été postées à New York ou dans le comté de Westchester, mais cela ne signifie pas qu’il habite à Westchester, bien au contraire. Cet homme prend de multiples précautions, il les a sûrement postées quelque part entre son domicile et New York. En poussant plus avant ses déductions, le Dr Brussel suggère qu’il habite à Bridgeport, dans le Connecticut, qui possède une très forte concentration de Polonais et dont la route pour New York passe par Westchester. Le Dr Brussel conclut : « Lorsque vous le capturerez, et je suis sûr qu’il sera pris, il sera vêtu d’un costume trois-pièces au gilet boutonné. »

Les jours suivants, à Noël 1956, le préfet de police Kennedy dévoile ses « méthodes inhabituelles » en rendant publiques les hypothèses du Dr Brussel. Pendant ce temps, la Con. Ed. assigne
plusieurs de ses employés à la fouille systématique des monceaux d’archives accumulées depuis les années 1930. Le 18 janvier 1957, Alice Kelly, une secrétaire de la Con. Ed., découvre une piste intéressante dans l’un des dossiers du contentieux. Rien au premier abord ne distingue ce dossier des milliers d’autres, sauf l’utilisation fréquente des termes « infâmes méfaits » dans plusieurs lettres du plaignant. George Metesky a été un employé modèle de la compagnie de 1929 à 1931, mais, le 5 septembre 1931, une fuite de gaz sous pression le renverse. Les médecins ne trouvent aucune blessure apparente, alors que Metesky se plaint de maux de tête fréquents et d’autres symptômes. La Con. Ed. lui paie plusieurs mois d’arrêt-maladie, avant de procéder à nouveau à plusieurs examens médicaux qui ne révèlent rien d’anormal. George Metesky est finalement renvoyé à cause de ses trop nombreuses absences et, le 4 janvier 1934, il porte plainte contre la Con. Ed., ajoutant au nombre de ses griefs que l’accident l’a rendu tuberculeux. L’action en justice est rejetée, car du point de vue médical elle n’a aucun sens.

Alice Kelly informe ses supérieurs qui téléphonent immédiatement à la police. George Metesky a 54 ans, il est d’origine polonaise, pratiquant et suit régulièrement les offices du dimanche. Il est célibataire. Il habite à Waterbury, dans le Connecticut (non loin de Bridgeport), en compagnie de deux sœurs aînées, également célibataires. Il est bien proportionné et ne travaille plus depuis son accident ; ses parents sont tous deux décédés.

Peu avant minuit, le 21 janvier 1957, quatre officiers de police sonnent à la porte de la maison de George Metesky. Celui-ci les accueille poliment et les convie, en souriant, à s’installer. Lorsque les policiers lui demandent un échantillon de son écriture, Metesky déclare : « Je sais pourquoi vous êtes ici. Vous pensez que je suis le “Mad Bomber”. » Metesky sourit. Un inspecteur lui demande la signification des initiales « F. P. » et Metesky explique : « 
Fair Play
 ». Invité à s’habiller pour accompagner les policiers, il se présente impeccablement vêtu d’un costume trois-pièces dont le gilet est boutonné. Lors de son inculpation, George Metesky est jugé mentalement malade et on l’incarcère dans l’asile psychiatrique de Matteawan. Il est libéré le 13 décembre 1973 et retourne vivre à Waterbury où il décède vingt ans plus tard à l’âge de 90 ans.

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