Master of the Crossroads (100 page)

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Authors: Madison Smartt Bell

Tags: #Haiti - History - Revolution, #Historical, #Biographical, #Biographical fiction, #General, #Literary, #Historical fiction, #Toussaint Louverture, #Slave insurrections, #1791-1804, #Haiti, #Fiction

BOOK: Master of the Crossroads
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Toussaint-Louverture, Général de Division et Commandant en Chef du
Département de L’Ouest, à Etienne Laveaux, Général en Chef de Saint-
Domingue.

Mon Général, Mon Père, Mon Bon Ami,

Comme je prévois avec chagrin qu’il vous arrivera dans ce malheureux pays,
pour lequel et pour ceux qui l’habitent vous avez sacrifié votre vie, votre
femme, vos enfants, des désagréments, et que je ne voudrais pas avoir la
douleur d’en être spectateur, je désirais que vous fussiez nommé député pour
que vous puissiez avoir la satisfaction de revoir votre patrie et être à l’abri des
factions qui s’enfantent à Saint Domingue et je serai assuré et pour tous mes
frères d’avoir pour la cause que nous combattons le plus zélé defenseur. Oui,
général, mon père, mon bienfaiteur, la France possède bien des hommes mais
quel est celui qui sera à jamais le vrai ami des noirs comme vous? Il n’y en aura
jamais.

Le citoyen Lacroix est le porteur de ma lettre; c’est mon ami, c’est le vôtre,
vous pouvez lui confier quelque chose de vos réflexions sur notre position
actuelle; il vous dira tout ce que j’en pense, qu’il serait essentiel que nous nous
voyions et que nous causions ensemble. Que des choses j’ai à vous dire! . . .

Je n’ai pas besoin par des expressions de vous témoigner l’amitié et la reconnaissance que je vous ai. Je vous suis assez connu.

Je vous embrasse mille fois et soyez assuré que si mon désir et mes souhaits
sont accomplis, vous pourrez dire que vous aurez à St.-Domingue l’ami le plus
sincère que jamais il y en ait eu.

Votre fils, votre fidèle ami,

Toussaint-Louverture
17

FROM CHAPTER 24

Aux citoyens de Saint-Louis-du-Nord

Liberté Égalité

PROCLAMATION

Toussaint-Louverture, général de brigade et lieutenant au gouvernement de
Saint-Domingue

J’apprends avec indignation, que des êtres pervers, désorganisateurs, perturbateurs du repos public, des ennemis de la liberté générale et de la sainte
égalité, cherchent par des intrigues infâmes à faire perdre à mes frères de la
commune de Saint-Louis-du-Nord le glorieux titre de citoyens français.
Jusqu’à quand vous laisserez-vous conduire comme des aveugles par vos plus
dangereux ennemis? O vous, Africains mes frères! vous qui m’avez coûté tant
de fatiques, de travaux, de misères! Vous dont la liberté est scellée de la moitié
de plus pur de votre sang. Jusqu’à quand aurai-je la douleur de voir mes
enfants égarés fuir les conseils d’un père qui les idolâtre! . . .

Quel fruit espérez-vous retirer des désordres dans lesquels on cherche à vous
entraîner? Vous avez la liberté, que pouvez-vous prétendre de plus! Que dira le
peuple français lorsqu’il apprendra qu’après le don qu’il vient de vous faire,
vous avez porté l’ingratitude jusqu’à tremper vos mains dans le sang de ses
enfants. . . .
18

Ils osent, ces scélérats, vous débiter que la France veut vous rendre à
l’esclavage! . . . comment pourriez-vous ajouter foi à des calomnies si atroces?
Ignorez-vous ce que la France a sacrifié pour la liberté générale, pour les droits
de l’homme, pour le bonheur, pour la félicité des hommes?

Faites bien attention, mes frères, qu’il y a plus de noirs dans la colonie qu’il
n’y a d’hommes de couleur et d’hommes blancs ensemble, et que s’il y arrive
quelques désordres, ce sera à nous, noirs, que la République s’en prendra,
parce que nous sommes les plus forts et que c’est à nous à maintenir l’ordre et
la tranquilité par le bon exemple.

FROM CHAPTER 25

Toussaint-Louverture, Général en Chef de Saint-Domingue, à Etienne
Laveaux, Représentant du peuple, Député de St.-Domingue au Corps Législatif.

Gonaives, le
4
prairial, an
5
de la République Française, une et indivisible
(
23
mai
1797
)

Mon cher représentant,

Depuis votre départ et jusqu’à ce jour, je suis encore privé de la douce satisfaction de recevoir de vos chères nouvelles. Je vous ai écrit plusieurs fois et suis
encore dans l’incertitude que mes lettres vous soient parvenues heureusement.
Puisse celle-ci vous être remise aussi promptement que je le désire.

Pénétré de l’intérêt particulier que vous prenez à la colonie française, je
vous dois compte de la position où se trouvent en ce moment les parties qui
sont confiées à ma surveillance et à ma défense, et c’est avec la joie que m’inspire mon attachement sincère et mon entier dévouement aux intérêts de la
République, que je vous apprendrai l’heureuse réussite de mes dernières entre-prises sur les quartiers du Mirebalais, de la Montagne des Grands-Bois, de
Las Cahobas, de Banica, Saint Jean et Niebel qui sont entièrement en
notre possession en ce moment. Les anglais, nos ennemis, effrayés de la marche
courageuse qu’ont dévelopée sur eux les braves défenseurs de la République en
quittant ces points importants, n’ont pu s’échapper qu’avec une faîble partie de
leur artillerie; l’autre est restée dans notre pouvoir. Resserrés dans de faîbles
parties de la colonie, ils ne tarderont point à sentir leurs efforts impuissants et
leur insuffisante opposition à la juste cause que défendent les républicains
français. . . .

En vous réitérant parculièrement l’assurance de l’attachement que vous
m’avez inspiré, je vous prie d’être l’organe de mes sentiments respectueux et de
ceux de mon épouse, auprès de la votre et de votre chère famille, et croyez que
les liens de notre amitié ne finiront qu’avec moi.

Salut et amitié
Toussaint-Louverture
19

FROM CHAPTER 26

Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, au
citoyen Sonthonax, représentant du peuple et commissaire délégué aux îles
Sous-le-Vent.

Quartier général du Cap français, le 3 fructidor, an V (20 août 1797)

Citoyen Représentant,

Privés depuis longtemps de nouvelles du gouvernement, ce long silence
affecte les vrais amis de la République. Les ennemis de l’ordre et de la liberté
cherchent à profiter de l’ignorance où nous sommes pour faire circuler des
nouvelles dont le but est de jeter le trouble dans la colonie.

Dans ces circonstances, il est nécessaire qu’un homme instruit des évènements et qui a été le témoin des changements qui ont produit sa restauration et
sa tranquillité, veuille bien se rendre auprès du Directoire exécutif pour lui
faire connaître la vérité.

Nommé député de la colonie au corps législatif, des circonstances
impérieuses vous firent un devoir de rester quelque temps encore au milieu de
nous; alors votre présence était nécessaire: des troubles nous avaient agités, il
fallait les calmer.

Aujourd’hui que l’ordre, la paix, le zèle pour le rétablissement des cultures,
nos succès sur nos ennemis extérieurs et leur impuissance vous permettent de
vous rendre à vos fonctions, allez dire à la France ce que vous avez vu, les
prodiges dont vous avez été témoin et soyez toujours le défenseur de la cause
que nous avons embrassée, dont nous serons les éternels soldats.

Salut et respet.
(multiple signature)
20

FROM CHAPTER 26

5
novembre
1797

Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, au
Directoire exécutif de la République française

. . . Il tient à vous, citoyens directeurs, de détourner de dessus nos têtes, la tem
pête que les éternels ennemis de notre liberté préparent à l’ombre du silence. Il
tient à vous d’éclairer la législature, il tient à vous d’empêcher les ennemis du
système actuel de se répandre sur nos côtes malheureuses pour les souiller de
nouveaux crimes. Ne permettez pas que nos frères, nos amis, soient sacrifiés à
des hommes qui veulent régner sur des ruines del’ espèce humaine. Mais vous,
votre sagesse vous donnera les moyens d’éviter les pièges dangereux que vous
tendent nos ennemis communs. Je vous envoie, avec cette lettre, une déclaration qui vous fera connaître l’unité qui existe entre les propriétaires de Saint-Domingue qui sont en France, ceux des Etats-Unis et ceux qui servent sous le
drapeau anglais. Vous y verrez que leur souci de réussir les a conduits à s’envelopper du manteau de la liberté de manière à lui porter des coups d’autant
plus mortels. Vous verrez qu’ils comptent fermement sur ma complaisance de
me prêter à leurs vues perfides par la crainte pour mes enfants. Il n’est pas
étonnant que ces hommes qui sacrifient leur pays à leurs intérêts soient incapables de concevoir combien un père mieux qu’eux peut supporter de sacrifices
par amour de sa patrie, étant donné que je fonde sans hésiter le bonheur de
mes enfants sur celui de ma patrie, qu’eux et eux seuls veulent détruire. Je
n’hésiterai jamais entre la sécurité de Saint Domingue et mon bonheur per
sonel, mais je n’ai rien à craindre. C’est à la sollicitude du gouvernement
français que j’ai confié mes enfants. Je tremblerais d’horreur si je les envoyés
comme otages entre les mains des colonialistes. Mais même si cela était, faites
leur savoir qu’en les punissant de la fidélité de leur père, ils ne ferais qu’ajouter
à leur barbarie, sans aucune espoir de me faire manquer jamais à mon
devoir. . . .

Aveugles qu’ils sont! ils ne peuvent s’apercevoir combien cette conduite
odieuse de leur part peut devenir le signal de nouveaux désastres et de malheurs irréparables et que, loin de leur faire regagner ce qu’à ses yeux la liberté
de tous leur fait perdre, ils s’exposent à une ruine totale et la colonie à sa
destruction inevitable. Pensent-ils que des hommes qui ont été à même de
jouir des bienfaits de la liberté, regarderont calmement qu’on les leur ravisse?
Ils ont supporté leurs chaînes tant qu’ils ne connaissent aucune condition de
vie plus heureuse que celle de l’esclavage. Mais aujourd’hui qu’ils l’ont quittée,
s’ils avaient un millier de vies, ils les sacrifieraient plutôt que d’être de nouveau
soumis à l’esclavage. Mais non, la main qui a rompu nos chaînes ne nous
asservira pas à nouveau. La France ne reniera ses principes. . . .
Mais, si pour rétablir l’esclavage à Saint Domingue, on faisait cela, alors je vous déclare, ce serait tenter l’impossible; nous avons su affronter des dangers pour obtenir notre liberté, nous saurons affronter la mort pour la maintenir.
Voilà, citoyens directeurs, la morale de la population de Saint Domingue,
voilà les principes qu’elle vous transport par mon intermédiaire. . . .
21

FROM CHAPTER 29

Un colon blanc qui possédait sa confiance voulut aussi se rétirer; il l’arrêta
et luis dit: “Non, restez, vous n’êtes trop avec moi. Je pourrais bien le faire
arrêté . . .; mais Dieu m’en garde . . . j’ai besoin de M. Rigaud . . . il est violent . . . il me convient pour faire la guerre . . . et cette guerre m’est necessaire. . . . La caste des mulâtres est supérieure à la mienne . . . si je lui enlevais
M. Rigaud, elle trouverait peut-être un chef qui vaudrait mieux que lui. . . . je
connais M. Rigaud . . . il abandonne son cheval quand il galope . . . mais il
montre son bras quand il frappe . . . moi je galope aussi, mais je sais m’arrêter
sur place; et quand je frappe, on me sent, mais on ne me voit pas. . . . M.
Rigaud ne sait faire des insurrections que par du sang et des massacres . . . moi
je sais aussi mettre le peuple en mouvement. Il gémit, M. Rigaud de voir en
fureur le peuple qu’il excite . . . mais je ne souffre pas la fureur . . . quand je
parais il faut que tout se tranquilise.”
22

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