Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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Édition originale parue aux États-Unis en 2012 sous le titre
Abducted
aux Éditions Thomas & Mercer.

 

Publié par

AmazonCrossing, Amazon Media EU SARL

5, rue Plaetis, L-2338, Luxembourg

Janvier 2016

 

Copyright © Édition originale 2012 par Thomas & Mercer

Tous droits réservés.

 

Copyright © Édition française 2016 traduite par Laure Valentin

 

Conception de la couverture par : bürosüd
o
München,
www.buerosued.de

 

ISBN : 9781503948617

 

www.apub.com

Ils ont aimé
Réplique

 

« À lire absolument ! Ragan mène ce thriller haletant avec une telle précision chirurgicale que les lecteurs en sortent le souffle coupé. »

~Romantic Times

 

« L’aventure effrayante et jouissive d’un meurtrier calculateur. »

~Kirkus Reviews

Les personnages et événements décrits dans ce livre sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, existant ou ayant existé, est une coïncidence et non une volonté de l’auteure.

Pour Ruth Cole Cunningham
ma maman, belle et unique en son genre.

CHAPITRE 1

Sacramento,
Californie

Samedi 17 août 1996, 18 h
47

 

De grands lauriers-roses touffus lui fournissaient un abri dans l’ombre de la nuit, tandis qu’il observait la porte d’entrée de la maison des Anderson. Derrière lui s’étendait un champ d’herbes sèches et hautes, qui lui seraient utiles pour rester caché quand le moment serait venu de récupérer sa voiture garée de l’autre côté. L’herbe sèche représentait un risque d’incendie. Dans son quartier, on s’en serait déjà débarrassé. S’il avait appris une chose après avoir surveillé les environs durant deux mois, c’était que les gens qui vivaient ici étaient négligents. Aucun panneau « Surveillance de voisinage ». Aucune réunion régulière. Aucune
communication.

Des
idiots.

Ignoraient-ils que la meilleure protection contre le crime était un public bien informé ? Soyez vigilants quant à ce qui se passe dans votre communauté. Soyez attentifs. Prêtez attention aux étrangers ou aux véhicules inhabituels. Il secoua la
tête.

Dans les médias, les « experts » rappelaient avec insistance que les meurtres récents avaient été commis par une personne avide de pouvoir, qui se prenait pour Dieu. Ce n’était pas du tout le cas. C’était une question de patience. Il n’avait pas seulement la patience d’un saint, il était saint. Ce n’était pas un pervers, un fou, ni rien de ce dont les journalistes aimaient à le traiter. S’il était « fou à lier », il retrouverait chacun de ces soi-disant « experts » et tout serait
réglé.

L’agent du FBI Gregory O’Guinn, devenu écrivain après sa retraite, le qualifiait de raté, affirmant qu’il n’était qu’un marginal… un minable qui prenait son pied en torturant les innocents. Gregory O’Guinn était un mauvais témoignage pour
Harvard.

Mais il se fichait bien de ce que pouvait penser O’Guinn ! Il connaissait la vérité. Il savait ce qu’il faisait, et pourquoi. Il connaissait la différence entre le bien et le mal. Si l’écrivain passait plus de temps à enquêter sur les vies qu’avaient menées les défuntes, il verrait qu’elles étaient loin d’être innocentes − c’étaient de mauvaises filles. C’étaient des adolescentes irrespectueuses qui l’avaient forcé à agir, car personne d’autre ne le faisait. Si O’Guinn connaissait toute l’histoire, il reconnaîtrait que c’était un justicier, un héros, un homme contraint à contourner les procédures classiques de la loi pour rendre sa propre
justice.

Il gardait les yeux rivés sur la porte d’entrée des Anderson. Jetant un œil à sa Rolex, une Oyster Perpetual Sea-Dweller, il déglutit pour chasser la colère qui le rongeait de l’intérieur. Il avait beau éprouver une aversion pour l’eau sous toutes ses formes − mer, océan, piscine − il avait toujours voulu une Sea-Dweller. Son père portait exactement la même. Avec son chronomètre à mouvement automatique trente et un rubis, la montre était étanche jusqu’à 1 220 mètres. Elle était résistante, sans être aussi lourde que ces épaisses montres Omega. Elle avait été fraisée à partir d’un solide bloc d’acier inoxydable 904L, dont le prix frôlait le ridicule. Le cadran était facile à lire, même dans l’obscurité. C’était un cadeau qu’il s’était offert en récompense d’une mission parfaitement exécutée − trois filles en trois mois, toutes des menaces pour la
société.

Il plissa les yeux.
Où était
Jennifer ?

Tous les samedis soir au cours des huit dernières semaines, avec une régularité d’horloger, les parents de Jennifer Anderson avaient laissé leur fille de seize ans seule chez eux pour leur sortie hebdomadaire au restaurant et au cinéma. Ce qu’ils ignoraient, c’était que cinq minutes à peine après leur départ de la maison, leur fille franchissait la porte d’entrée et se dirigeait vers le jardin public du quartier, où elle retrouvait son petit ami. Quelle
honte.

Convaincu qu’elle finirait bien par se glisser hors de chez elle, il décida d’attendre tout en songeant aux autres filles qu’il avait récemment rappelées à l’ordre. D’après les spéculations des experts, c’était en torturant les filles qu’il prenait son plaisir. Ridicule. C’était davantage la curiosité malsaine du public qui le galvanisait, plutôt que les corrections toutes personnelles qu’il infligeait aux jeunes filles qu’il ramenait chez
lui.

Était-il donc le seul à refuser de laisser des adolescentes insolentes et pourries gâtées mener le monde à la
baguette ?

 

 

Samedi 17 août 1996,
19 h

 

Lizzy Gardner dévalait discrètement les escaliers, espérant pouvoir s’échapper incognito, mais lorsqu’elle atteignit le rez-de-chaussée, le rouge à lèvres de sa sœur glissa de la poche de son pantalon et roula sur les carreaux de l’entrée.

— Où crois-tu donc aller, Elizabeth ? lui demanda son père depuis la
cuisine.

Elle soupira en se tournant vers
lui.

Debout derrière son père, sa mère agitait la main d’un air négligent pour indiquer à Lizzy qu’elle pouvait y aller. Là encore, son père se montrait réticent, comme chaque fois qu’elle sortait avec ses
amies.

— C’est ma dernière soirée avec mes amies, mentit Lizzy. Emily et Brooke partent demain pour San
Diego.

— Tant mieux, dit-il. Il est temps que tu commences à fréquenter des gens de ton âge. Qui
conduit ?

Il ouvrit la porte et jeta un œil à l’extérieur. Emily lui fit un signe de la main depuis sa coccinelle
décapotable.

— Salut, monsieur
Gardner !

Son père grommela en refermant la
porte.

— Tu ne devrais pas sortir ce soir. Il y a toujours ce tueur en
liberté.

Oh non, pas encore.
Le célèbre tueur d’adolescentes n’avait pas sévi depuis plusieurs mois, mais après avoir assassiné une jeune fille de quinze ans et deux de seize en trois mois, le psychopathe avait réussi à transformer des parents totalement normaux en angoissés
chroniques.

— Papa. S’il te
plaît ?

— Je veux que tu sois de retour à dix
heures.

— Tom, intervint sa mère. J’ai dit à Lizzy qu’elle pouvait rester dehors jusqu’à onze heures et demie. C’est sa dernière soirée avec les filles. Après le bowling, elles rentreront toutes chez Brooke. Tu as déjà rencontré les parents de Brooke. Tout ira
bien.

— Je n’aime pas ça, lança son père en secouant la
tête.

— Vas-y, l’encouragea sa mère avec un geste de la main. On te voit plus tard dans la
soirée.

Lizzy n’attendit pas qu’on le lui dise deux fois. Oubliant le rouge à lèvres qu’elle avait laissé tomber, elle se rua vers la porte sans un regard en
arrière.

 

 

Samedi 17 août 1996, 23 h
 25

 

Lizzy n’avait pas envie que la soirée se termine. Jared la ramenait chez elle. Elle regardait par la vitre, il faisait noir, la nuit était magnifique… une soirée
parfaite.

Jared tourna à droite sur Emerald
Street.

— Ça te dérange de me déposer ici ? demanda-t-elle en désignant le virage au bout de la rue. Je marcherai. Si papa voit que tu me ramènes, il va me
tuer.

Jared gara la Ford Explorer de son père sur le bas-côté de la route et coupa le moteur. Lizzy décrocha sa ceinture. Elle se pencha vers lui et pressa ses lèvres contre les siennes. Lorsqu’elle se retira, ses yeux étaient
humides.

— Qu’y a-t-il ?

— Je ne sais pas, dit-elle. Je déteste cette impression… comme si je n’allais plus jamais te
revoir.

Jared l’attira contre lui et déposa un baiser sur le bout de son nez, sur sa joue et sur son menton, avant de l’embrasser sur les lèvres. Chaque baiser était comme le premier. Et maintenant, il partait à l’université. La vie était si
injuste.

— J’aimerais que cette soirée ne se termine jamais, dit-elle.

— Moi aussi, répondit-il avant de l’embrasser à nouveau, plus intensément cette
fois.

Elle aimait tout chez Jared Michael Shayne : son allure, les sensations qu’il lui procurait, son odeur et le son de sa
voix.


 Jared ?


 Hmm ?

— Tu ne vas pas m’oublier,
hein ?


 Impossible.

Il y eut un long silence, puis il éclata de rire avant d’ajouter :

— Regarde-nous. On se comporte comme si on n’allait jamais se revoir. Je pars à Los Angeles, pas sur Mars. C’est à cinq ou six heures tout au plus. Tu n’as qu’à m’appeler et je serai
là.

— C’est
promis ?

— C’est
promis.

Il l’embrassa à
nouveau.

Tout à l’heure, juste avant qu’il ne gare la voiture, l’horloge du tableau de bord indiquait 23 h 25. Sans doute son père était-il déjà fou d’inquiétude.

— Je ferais mieux d’y
aller.

Elle se tourna vers la portière, mais sa main l’arrêta.

— Je t’aime, Lizzy. Ce n’est pas terminé. Ce n’est que le
début.

Elle esquissa un
sourire.

— Tu as raison. Je t’aime aussi. Appelle-moi dans la matinée, avant ton départ, d’accord ?

— Je le
ferai.

Il regarda la rue devant
eux.

— Laisse-moi te rapprocher un peu plus. Il est trop tard pour que tu marches toute seule
dehors.

Elle aimait le voir s’inquiéter pour elle, mais il avait parfois tendance à la traiter comme une petite fille. Elle avait passé suffisamment de dîners dominicaux dans la famille de Jared pour savoir que son père se montrait parfois autoritaire et exigeant. Elle ne voulait pas que Jared ou qui que ce soit lui dise ce qu’elle avait à faire. Et puis, elle serait punie pendant un mois si son père voyait Jared la déposer alors qu’elle était censée être en compagnie d’Emily et Brooke. Lizzy l’embrassa furtivement sur la bouche, puis se retourna et descendit de la
voiture.

— Ça va aller, dit-elle en refermant la portière avant de lui envoyer un
baiser.

Il répondit par le même geste d’affection.

Rassurée, elle se mit en marche vers la maison. Avant de tourner sur Canyon Road, elle jeta un œil par-dessus son épaule, mais Jared s’éloignait déjà en sens inverse. Elle agita tout de même la main en signe d’au
revoir.

Elle habitait au bout du pâté de
maisons.

Elle apercevait la silhouette du saule pleureur que son père avait planté dans le jardin de devant. Le claquement de ses talons sur le trottoir faisait un vacarme à réveiller les morts. Elle s’arrêta et retira ses chaussures. À présent, on n’entendait plus que le coassement lointain d’une myriade de grenouilles qui s’ébattaient dans un cours d’eau.

Zap
.

Un lampadaire s’éteignit. En passant, elle leva les yeux vers l’ampoule. Elle n’aurait jamais cru que la rue puisse être encore plus sombre, mais elle s’était trompée. Même les étoiles semblaient l’avoir abandonnée. Bon sang, elle avait oublié à quel point elle détestait l’obscurité. La seule chose qu’elle appréhendait plus que le noir, c’était se retrouver
seule
dans le
noir.

Jared avait raison. Elle aurait dû accepter qu’il la rapproche de sa maison. Peut-être aurait-il tout simplement pu la ramener chez elle et la raccompagner jusqu’à la porte comme il le faisait habituellement. Elle aurait pu dire à son père que Jared était venu la chercher chez Brooke. Son père l’aurait crue. Il la croyait toujours. Voilà qu’à cause de son entêtement, elle se trouvait dehors… seule… sous un ciel d’un noir d’encre.

Un froissement se fit entendre près du portail d’une maison voisine. La chair de poule lui hérissa les poils des bras. Elle s’arrêta et tendit l’oreille, espérant apercevoir Fudge, le labrador couleur chocolat qui donnait des coups de langue aux passants. Elle reprit sa marche avant d’entendre à nouveau le martèlement léger sur le trottoir. C’étaient des bruits de
pas.

— Jared ? C’est toi ? Ce n’est pas drôle, tu
sais.

Elle fit volte-face. Derrière elle, la rue était vide. Les lumières étaient éteintes chez les voisins ; apparemment, personne ne regardait par sa fenêtre. Aucun chien n’aboyait.

C’était bon signe,
non ?

Tu t’emballes pour
rien.

Elle se remit à avancer, un pied devant l’autre. Pourtant, une étrange sensation montait en elle. Elle l’éprouvait… la ressentait… quelqu’un était en train de l’observer.

Son père disait toujours : « Fie-toi à tes instincts, Elizabeth. Si quelque chose ne te semble pas normal, c’est sûrement que ça ne l’est pas. »

D’un autre côté, on lui avait souvent répété qu’elle avait une imagination trop
débordante.

Une brise fraîche lui effleura les bras. Pourtant, il n’y avait pas de vent ce soir… n’est-ce
pas ?

Elle devait s’enfuir. Elle aurait dû se mettre à courir dès l’instant où elle s’était sentie
observée.

Tac, tac, tac
. Elle s’élança si vite qu’elle faillit perdre l’équilibre. Un homme fonçait droit sur elle. Son cerveau lui hurlait : « Cours ! » Malheureusement, ses jambes ne répondaient pas. C’était comme si ses pieds restaient collés au
béton.

Paf !
Paf !

Quelque chose heurta violemment sa jambe, puis le côté de sa tête. Une douleur fulgurante lui transperça le crâne. Ses genoux se dérobèrent. Il n’y avait plus que du noir devant ses yeux : un manteau noir, un masque noir, le ciel
noir.

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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