Sex Beast (17 page)

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Authors: Stéphane Bourgoin

Tags: #Essai, #Policier

BOOK: Sex Beast
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. Tournée en 1991 et que Robert Stone a vue dix-huit ans plus tard.

Chapitre XI

« KILLING TIME »

« Elle s’attendait à une invitation à dîner, mais elle a eu droit à un voyage le long d’une route déserte. L’ordre lui est donné de sortir du véhicule pour être soumise à une fouille méticuleuse. Puis elle est menottée, un bandeau sur les yeux. Elle est guidée dans l’obscurité vers le lieu d’exécution. Un coup de main pour l’aider à grimper sur l’échelle et s’asseoir à son sommet. La taie d’oreiller couvre son visage, avant que la corde soit placée. Elle reste installée sans bouger, telle une lady, pendant que j’ajuste le nœud coulant. Il est évident qu’elle n’a aucune idée du sort qui l’attend. Je lui raconte plusieurs histoires sur le Viêt-nam, et je dois passer un appel sur la radio. Je l’avertis qu’au moindre bruit de sa part, elle sera pendue sur-le-champ. Je retourne à la voiture pour boire un coup et je me rapproche du lieu d’exécution. J’attache la corde au pare-chocs arrière : si je démarre, l’échelle bascule et elle sera suspendue au bout de la corde. Je retourne la voir pour lui demander si elle est bien installée. Elle me répond qu’elle s’ennuie et que je dois me dépêcher de
terminer ce que j’ai à faire. Je l’assure de ma détermination. Je reviens vérifier que la corde est bien fixée. Je lui demande de se mettre debout, mais elle a peur et je la laisse se rasseoir. Elle est très digne dans sa robe de mousseline de soie noire, avec sa permanente, son collant noir et des chaussures à talons aiguilles. Elle est parfumée et très sexy. Je m’installe à nouveau au volant pour finir la bouteille de vin et, sur le coup de 9 heures du soir, j’allume le moteur. Je le laisse tourner quelques minutes avant de démarrer brusquement. Puis je coupe le contact et je quitte le véhicule pour voir si les branches bougent encore ou s’il y a du bruit. Rien. Au bout de quinze minutes d’attente que j’estime suffisantes pour qu’elle soit morte, je m’approche lentement de la clairière où se trouve le lieu d’exécution. Il n’y a rien d’autre qu’une corde enroulée autour d’une branche, avec une échelle en dessous. J’ai une lampe torche, mais je n’ai presque pas envie de voir. Je m’approche dans les ténèbres et je devine sa silhouette qui tournoie lentement. J’avance de quelques pas et j’allume la lumière. Je suis un peu choqué. Il y a beaucoup de sang qui tache la taie d’oreiller blanche. La corde s’est profondément enfoncée dans les chairs, elle a le visage penché de côté, car j’ai placé le nœud sous sa mâchoire gauche. Je constate que ses pieds ne sont plus attachés. Elle a dû briser les liens lors de son agonie et elle ne porte plus qu’une seule chaussure. Je dois sûrement trembler lorsque j’introduis avec lenteur ma main sous sa robe. Mes doigts remontent doucement vers le haut. J’ai une érection gigantesque lorsque ma main se glisse
entre ses cuisses encore chaudes. A mes yeux, elle est bien vivante. Elle a souillé d’urine sa culotte. Je soulève la jupe pour lui enlever le collant ; maintenant elle ne porte plus que son slip. Je pousse mes doigts sous le bord, à hauteur de sa chatte, pour me diriger vers son trou de balle, en espérant y découvrir un beau tas de merde. Mes doigts effleurent les poils de cul. Son trou est ouvert et mon index pénètre avec aisance dans le rectum en chaleur. Il y a un peu de matières fécales qui souillent l’intérieur de son slip, ainsi qu’autour de son trou de balle, mais je suis déçu car je m’attendais à une plus grande quantité. Je retourne à la voiture, je me déshabille, et je reviens auprès d’elle. Je la détache et dépose le corps sur le sol. J’enlève sa jupe et je descends sa culotte sur les chevilles. J’installe le cadavre sur une caisse que j’ai emportée pour ça, elle a le cul en l’air et je la sodomise. J’éjacule presque aussitôt, j’en suis désolé pour elle. Oh, j’oubliais, avant de défaire le nœud coulant, je lui ai retiré la taie d’oreiller pour examiner son visage. Il était tout bouffi et marbré. Les yeux fermés et gonflés à hauteur des tempes, la bouche ouverte avec la langue à peine visible. Cela m’a rendu malade, mais je ne lui ai pas remis la taie d’oreiller, à cause du sang. Je ne supporte pas la vue du sang. Au bout de quelques minutes, je l’ai chevauchée à nouveau pour la baiser au même endroit. C’était encore chaud et j’ai joui très vite. Puis je l’ai complètement déshabillée et j’ai jeté tous ses vêtements en un tas. J’ai porté son corps sur un siège de toilettes que j’avais posé sur deux caisses. Elle avait l’air affalée sur les chiottes. Je me suis
glissé sous le siège pour regarder sa chatte et son trou du cul, en jouant avec, tout en m’imaginant qu’elle allait me pisser ou me chier dessus. Au bout d’un moment, j’en ai eu marre et je suis retourné à la voiture où je crois que j’ai dormi un peu. Je suis retourné la voir et je me suis rendu compte que sa peau commençait à refroidir, mais qu’elle était toujours chaude à l’intérieur lorsque je l’ai à nouveau baisée dans le cul. Cette fois-ci, j’ai laissé son corps étalé par terre, avec les fesses pointées vers le ciel comme si elle s’agenouillait.

« Je suis retourné dormir dans la voiture, je me sentais mal, l’estomac perclus de crampes. Après, je suis allé à nouveau la fourrer dans le trou de balle. Elle était non seulement froide, mais commençait aussi à se rigidifier. Je me sentais moi aussi glacé avant de faire une petite sieste sur la banquette arrière. Pendant ce temps, je l’ai laissée étendue sur un lit d’aiguilles de pins. Le jour s’était presque levé lorsque j’ai traîné son corps raidi jusqu’à la corde. Je lui passe le nœud coulant pour la suspendre dans la lumière grise du matin. Je veux voir de quoi elle a l’air. J’ai du mal à la soulever, du coup, je la décroche pour me servir d’une branche moins élevée. Je retire les menottes pour la première fois et je constate à quel point elle s’est abîmé les poignets en tentant de se détacher. Quelques heures plus tôt, je m’étais allongé sous elle pour la regarder sous toutes les coutures avec ma lampe de poche, mais, à la lumière du jour, elle était nettement moins appétissante. J’ai pris un jupon dans le coffre pour lui enfiler et, pendant qu’elle était suspendue à la corde, je me suis tenu debout derrière
elle sur une caisse pour la baiser. Mais c’était difficile car elle n’arrêtait pas de se balancer. Le cadavre était complètement froid, ce qui a eu le don de m’exciter d’une autre manière. Après avoir joui, je la décroche pour l’envelopper dans un drap que je transporte jusqu’au coffre du véhicule. Je rassemble tous ses vêtements, sauf sa culotte et son collant qui sont trempés de sa pisse, et que je veux garder comme souvenirs.

« Je me dirige vers un autre endroit désert et je sors le cadavre, toujours enveloppé dans le drap. Je la tire avec beaucoup de difficulté le long d’un sentier de broussailles et, après une centaine de mètres, j’arrive au bord d’un canal. Elle pesait très lourd et je peux vous dire que ça a été un sacré boulot. C’est là que je veux me débarrasser du corps. Je la fais tomber hors du drap. En plein jour, je m’aperçois qu’elle porte toujours une boucle d’oreille et un collier en or. Je les jette dans le canal. Je balance ses fringues un peu plus loin, avant de la faire rouler dans une crique entourée de palmiers. Le jour ne me cache rien de l’aspect grotesque de son cadavre en état de
rigor mortis
. Elle a d’énormes hématomes sur les jambes, peut-être causés par les derniers soubresauts de son agonie. Avec son visage boursouflé et ses poignets abîmés, elle n’est pas au mieux de sa forme. Je la positionne, le cul en l’air, pour la baiser encore une fois, puis je la retourne et je constate pour la première fois que sa touffe est châtain-roux. Avec beaucoup de mal, je lui écarte les cuisses raidies pour la bourrer en face à face. Une fois soulagé, je me repose un moment à côté d’elle. Ensuite, je la jette dans le
canal la tête la première. Sa chevelure châtain flotte à la surface, tandis qu’elle s’enfonce petit à petit dans les jacinthes. L’eau finit par recouvrir ses fesses et pénètre dans son trou du cul. Je lâche ses jambes et elle disparaît dans les flots. Je retourne sur le lieu d’exécution pour effacer toute trace de notre venue. Je jette son sac, son agenda et le drap au fond d’un ravin. Puis je vais chez Lum’s pour me payer un repas avec son argent, mais je n’ai pas trop apprécié.

« Deux semaines plus tard, je suis curieux de savoir ce qu’elle est devenue. Est-ce qu’elle est remontée à la surface ? Je suis horrifié par la vue de ce corps boursouflé et tout bouffi. Elle flottait sur le ventre avec sa chevelure étendue sur les épaules. Ses fesses affleuraient, me laissant voir ce qui restait de sa chatte et de son trou de balle. Les asticots s’étaient mis à l’ouvrage et il y avait un grand trou qui englobait maintenant son sexe et son trou du cul. Ça puait du feu de Dieu. Elle était en pleine putréfaction avec des nuées de mouches qui l’enveloppaient. A l’aide d’une branche, j’ai essayé de la faire disparaître sous la surface de l’eau. Comme je n’y arrivais pas, j’ai cueilli beaucoup de lis pour la cacher. Les lis avaient une drôle de couleur rouge sang.

« Je laisse passer plusieurs semaines avant d’y retourner. Les lis rouges s’étaient éparpillés et je tente à nouveau de la faire couler, cette fois-ci avec un fusil de chasse. L’odeur est tellement abominable que j’ai du mal à ne pas gerber. J’y suis retourné à plusieurs reprises, en prenant soin de me tenir à l’écart de l’odeur. Elle a fini par pourrir et, lorsque je n’ai plus
pu supporter la puanteur, j’ai pris une branche pour la sortir de l’eau. Je l’ai frappée de toutes mes forces pour accélérer le processus de démembrement. Au bout d’un moment, les asticots en ont eu marre. En tout cas, j’ai réussi à briser le corps pour le faire disparaître. J’ai emporté le crâne pour laisser les fourmis lui bouffer la cervelle, si elle en avait une. A l’aide d’une pince, j’ai arraché les dents pour les disperser dans tout le comté. La mâchoire inférieure a été enterrée et j’ai jeté le crâne dans un autre canal à quinze kilomètres du corps. Tous ses restes sont éparpillés sur une distance d’environ quarante-cinq kilomètres carrés et j’espère qu’elle va continuer à faire partie de la liste des disparues, bien qu’il n’existe aucun lien entre nous. »

Chapitre XII

EN PRISON

Le 4 octobre 1973, Gerard John Schaefer est officiellement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les assassinats de Susan Place et Georgia Jessup. Une libération conditionnelle ne peut pas être envisagée avant février 2017.

Le verdict prononcé, le procureur Robert Stone annonce dans une interview avec la journaliste Pat Quina que son équipe et lui vont poursuivre leurs investigations : « Schaefer est lié à d’autres assassinats, entre sept et neuf, peut-être même vingt-huit. Je l’ai déjà dit et je le confirme. Mon opinion personnelle est que sa place est en prison et non pas dans un hôpital psychiatrique. » Le 30 septembre 1973, il ajoute que ces enquêtes concernent Colette Goodenough et Barbara Ann Wilcox, de Cedar Rapids, dans l’Iowa ; Leonard Masar, 46 ans, découvert dans une palmeraie à moins d’un kilomètre de l’endroit où il a ligoté Pamela Sue Wells et Nancy Trotter. Stone indique qu’il a pu relier Schaefer aux disparitions d’Elsa Farmer et Mary Alice Briscolina, de Leigh Hainline Bonadies, Carmen Hallock et Belinda Hutchens.

Incarcéré à la prison d’Avon Park, Schaefer reçoit la seule et unique visite de son épouse Teresa Dean, le 17 novembre 1973, qui lui présente des papiers de divorce. Deux semaines plus tard, le 30 novembre, son ex-femme de 21 ans épouse l’avocat Elton Schwarz, âgé de 45 ans.

Dans les années qui suivent, Schaefer fait appel à une vingtaine de reprises de sa condamnation, évoquant une conspiration de policiers et d’hommes de loi du comté de Martin qui seraient à la tête d’un réseau de trafiquants de drogue. Il aurait été piégé pour le meurtre de deux informateurs, car il refusait d’œuvrer pour le compte de leur organisation criminelle.

En 1979, Gerard Schaefer annonce qu’il a épousé une correspondante originaire des Philippines. La jeune femme effectue plusieurs visites conjuguales en juillet 1980 à la prison d’Avon Park, où la sécurité est minimale comparée à d’autres établissements de Floride, avant de s’installer chez le père divorcé de l’ex-shérif adjoint. Elle obtient sa carte de résidente en 1985 et disparaît dans la nature, sans plus jamais revoir son « mari ».

Parmi les mille cent détenus d’Avon Park, il y avait une cinquantaine de pédophiles, notamment Eric Cross, connu sous le surnom de « Roi du porno ». Schaefer et Cross décident de monter une opération. Par le biais de petites annonces dans un journal de Tampa, ils engagent les services d’un photographe supposé prendre des clichés de fillettes nues qui serviront de modèles pour un film tourné en Europe. Plusieurs séquences de ce film devaient montrer ces enfants se livrant à des rites
de fertilité au Brésil, ou comme plongeuses en Asie à la recherche de perles ou encore dans des saunas. Si certains parents refusent que leurs filles soient ainsi utilisées, l’appât du gain finit par emporter l’adhésion de sept d’entre eux. Mais une seule photo convient à Eric Cross, dont le but est de fournir des réseaux pédophiles et de gagner de l’argent. L’un des détenus dénonce Cross qui écope d’une peine de prison supplémentaire, sans que Gerard Schaefer soit inquiété.

Quelques semaines plus tard, en septembre 1985, Gerard Schaefer est accusé de tentative d’évasion. Son but était d’assassiner le juge Pfeiffer Trowbridge, le procureur Robert Stone, son avocat Elton Schwarz, ainsi que son ancienne épouse Teresa, en ayant recours aux services d’un tueur à gages, un codétenu libéré peu de temps auparavant. Mais ce dernier dénonce Schaefer auprès des autorités et il est transféré à Florida State Prison, à Starke, un établissement de haute sécurité qui possède un couloir de la mort. C’est là aussi qu’ont lieu toutes les exécutions de l’Etat de Floride.

Avant même son transfert à Starke, Schaefer, en authentique « serial writer », inonde les différents services de police de Floride de lettres pour leur demander s’il est considéré comme un suspect dans telle ou telle disparition de jeunes femmes. Un exemple ? Ce courrier daté de 1983 et adressé au Lake County’s Sheriff Department : « Ces deux-là qui ont disparu de la forêt d’Ocala
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. Des flics et des journalistes pensent que c’est
moi. On pourrait en discuter ? » Dans d’autres courriers, il se vante auprès des autorités : « Je peux vous montrer les lieux où j’ai enterré trente-quatre corps. Il y a même un coffre rempli de têtes coupées. J’ai commencé à tuer en 1963, à 17 ans. »

A Florida State Prison, l’ex-shérif adjoint est à l’isolement vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il n’a pas accès à la télévision et mange dans sa cellule. Son choix de livres est restreint et il a droit à une douche et une promenade par semaine.

En octobre 1985, Rick McIllwain, un enquêteur de l’équipe du procureur Robert Stone, déclare qu’ils ont peut-être découvert le « chaînon manquant » pour relier Gerard Schaefer aux assassinats de Barbara Ann Wilcox et Colette Goodenough. En 1981, le crâne d’une des deux jeunes femmes a été découvert au fond des eaux du canal C-24, grâce au témoignage d’un détenu de Florida State Prison qui affirme que Schaefer lui a avoué ce double meurtre. S’il avait été reconnu coupable de ces deux crimes, Schaefer aurait été, cette fois-ci, passible de la peine de mort, qui avait été réinstaurée entre-temps en Floride. Mais il ne sera jamais mis en examen pour ces disparitions.

Début décembre 1985, l’ex-shérif adjoint se plaint de vertiges et il est admis pour des soins au Lake Butler Medical Reception Center, du 13 décembre au 30 décembre 1985.

Il met à profit ses talents de connaisseur en matière de perversions sexuelles pour poster des petites annonces dans plusieurs magazines pornographiques, grâce à
des contacts extérieurs. Pour tous ses clients, Schaefer adopte des pseudonymes féminins. Contre l’envoi d’argent, « Maîtresse Felice », une dominatrice, envoie à ses « esclaves » ses petites culottes souillées qu’ils doivent retourner, après les avoir lavées. « Matrone Miller » est une veuve noire en attente d’être exécutée et « Jessica Zurriaga », une prostituée. Schaefer adresse également des lettres d’amour à des détenus d’autres prisons pour se moquer d’eux.

Comme il possède un diplôme en droit et en criminologie, il met à profit son expérience pour « aider » les autres prisonniers à obtenir certaines faveurs ou à coucher sur le papier des recours en justice. Toujours aussi manipulateur, Schaefer recueille les confessions de plusieurs criminels qui lui avouent leurs crimes et qu’il s’empresse de dénoncer auprès des autorités judiciaires, dans l’espoir de pouvoir négocier des remises de peine. A cause de cette confession, l’un des « clients » de Schaefer se retrouve condamné à mort. Un jeu très dangereux car les mouchards sont encore plus mal considérés en prison que les violeurs d’enfants ou les « pointeurs ».

1986 est l’année où Schaefer fait la connaissance de Ted Bundy qui se trouve dans le couloir de la mort de la prison de Starke. Lorsque je me rends dans cette prison pour la première fois en 1991, plusieurs gardiens et le directeur adjoint de l’établissement me confirment que les deux hommes discutent souvent ensemble lors de promenades. Schaefer a toujours affirmé que Ted Bundy était l’un de ses fans et qu’il avait tué Janice Ott
et Denise Naslund en juillet 1974 en imitant un double crime de l’ancien policier dont il avait lu le compte rendu dans un magazine de faits divers. « Bundy était en admiration devant moi, il gobait toutes mes paroles. Il me traitait toujours avec le plus grand respect. Il était obsédé par le nombre de mes victimes car il craignait que j’en ai plus que lui. Mais je ne lui ai jamais rien dit à ce sujet. » Gerard Schaefer et Ted Bundy ont des discussions très techniques, à savoir comment nettoyer l’intérieur des véhicules lorsque les victimes défèquent et urinent lors de leur décès. Ou comment gérer le problème des asticots lorsqu’on viole un cadavre.

Autre confident de Schaefer, le tueur en série cannibale Ottis Toole, condamné à six peines de prison à perpétuité. D’une intelligence limitée, il a aussi semé la mort avec son complice et amant Henry Lee Lucas. En 1988, lorsqu’il se lie d’amitié avec Gerard Schaefer, Toole avoue à plusieurs reprises avoir enlevé Adam Walsh, un petit garçon de 7 ans, disparu le 27 juillet 1981 d’un centre commercial à Hollywood, en Floride. Mais, à chaque fois que les autorités viennent l’interroger à ce sujet, le cannibale revient sur ses aveux. On
retrouve la tête décapitée de l’enfant dans un canal à Vero Beach, le 10 août de la même année. Des témoignages attestent que Toole était présent sur place ce jour-là et plusieurs témoins ont vu Adam monter à bord d’un véhicule dont le pare-chocs était endommagé, ce qui était le cas de la Cadillac du tueur en série. L’enquête connaît d’énormes ratés, car les investigations se focalisent au départ sur le père d’Adam, John Walsh. A l’intérieur de la voiture d’Ottis, un tapis de sol présente des taches de sang et une machette suspecte est saisie. Lorsque Toole avoue le crime et donne des détails précis sur le déroulement des faits qui correspondent au scénario de l’enlèvement, la police décide de rouvrir le dossier, mais se rend compte, en 1994, que le tapis de sol, la machette et même la Cadillac ont été égarés, voire détruits. Il ne faut pas oublier qu’en 1983, l’ADN n’en était encore qu’à ses balbutiements. D’après les aveux du serial killer, il aurait roulé pendant une heure en compagnie d’Adam en lui disant qu’il voulait en faire son « fils adoptif ». Devant le refus de l’enfant, Ottis Toole se fâche, le frappe au visage avant de l’étrangler. Il décapite le cadavre en conservant la tête pendant plusieurs jours avant de la jeter à l’eau. Le reste du corps est incinéré dans un frigidaire à l’abandon. Le 16 décembre 2008, le chef de la police d’Hollywood, Chad Wagner, annonce en présence de John Walsh que l’affaire est définitivement close et que le suspect numéro un de ce crime est Ottis Toole.

A un moment donné, Jeffrey Dahmer, le « Cannibale de Milwaukee », est suspecté de ce crime, ce que
l’intéressé a toujours nié. John Walsh deviendra par la suite un fervent défenseur du droit des victimes et il participe à la création de l’organisation « National Center for Missing and Exploited Children ». Il est aussi le présentateur d’une célèbre émission de télévision, « America’s Most Wanted ».

Ottis Toole est condamné à mort pour le meurtre de George Sonnenberg, le 18 mai 1984. Mais, en novembre 1985, la Cour suprême de l’Etat de Floride change cette condamnation en perpétuité, estimant que son jugement n’a pas tenu compte de circonstances atténuantes, notamment son état mental au moment du meurtre. Toole décède le 15 septembre 1996 des suites d’une maladie du foie et du sida dans la prison de Starke.

Comme Ottis Toole sait à peine écrire, Gerard Schaefer a l’idée d’envoyer un courrier en son nom à John Walsh, où il demande 50 000 dollars pour révéler le lieu des restes d’Adam, « afin que vous puissiez l’enterrer décemment et en bon chrétien ». Walsh ne répond pas à la lettre et Toole est furieux contre Schaefer, avant que ce dernier ne parvienne à le calmer.

Je rencontre Ottis Toole en novembre 1991 à Florida State Prison, la même semaine où j’interroge Gerard Schaefer, et je le questionne sur l’enlèvement et l’assassinat du jeune garçon : « Comment se fait-il que vous ayez avoué le meurtre du petit Adam Walsh, dont Gerard Schaefer a écrit la confession en votre nom ?

— Ce n’était pas mon crime… dans un livre, on a écrit que j’étais le suspect numéro un… on a essayé
de dire que c’était moi, mais j’ai été innocenté de ce crime… c’est dans le livre sur Henry… ça a fait plein d’histoires… il y a une femme qui déclare en Floride qu’il y a eu un autre crime semblable en 1985… avant celui-là… mais c’était une fille au lieu d’un garçon… elle avait 9 ou 10 ans… mais j’étais déjà en prison… ils n’ont jamais retrouvé le corps d’Adam Walsh… juste les têtes de Walsh et de cette fille… si j’avais commis le crime, je saurais où se trouve le corps… mais je l’ignore…

« Pourquoi avouer alors ? On m’a obligé… on m’a insulté, frappé, j’ai été obligé d’avouer… vous savez comment sont les gens : ils pensent que vous avez tué une fois, alors automatiquement, ils croient que vous en avez tué plein d’autres aussi… ils reviennent vous voir… ils veulent boucler leurs enquêtes et, au bout d’un moment, ils sont frustrés et ils vous obligent à avouer… Mais ce n’était pas mon crime… »

Le 24 janvier 1989, Gerard Schaefer perd son « fan » Ted Bundy, qui est exécuté sur la chaise électrique de la prison de Starke. A la même époque, son ancienne petite amie de Fort Lauderdale, Sandy Steward, devenue Sondra London, reprend contact avec lui, quatorze ans après avoir coupé les ponts. Elle vient de lire
Un tueur si proche
d’Ann Rule, où l’auteur y détaille sa relation avec Ted Bundy, et elle a l’idée de faire pareil au sujet de leurs amours en 1964-1965, à Fort Lauderdale. Le 8 février 1989, elle lui adresse un courrier, « Tu te souviens de moi ? » et mentionne son projet. Il se montre très enthousiaste à l’idée d’explorer « un territoire vierge ». Pour contourner la « loi du Fils de Sam », qui interdit
à un criminel de profiter de la vente de livres relatant ses crimes dans la plupart des Etats américains, Gerard Schaefer décide d’écrire des textes de « fiction ». La « loi du Fils de Sam » fut adoptée lorsque David Berkowitz, le tueur en série new-yorkais, vendit le récit de ses meurtres à un tabloïd. Et l’ex-shérif adjoint d’affirmer qu’il fera don du produit des ventes à une œuvre de charité.

Lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois, Sondra London est choquée par l’apparence physique de son ancien amant qui est devenu à moitié aveugle, chauve, gros, « on aurait dit un fonctionnaire en fin de vie ». Le 18 mars 1989, il lui écrit : « J’ai laissé Satan prendre le contrôle [de moi]. Je hais le Mal. J’ai toujours voulu détruire le Mal. Je me suis plongé dans cette bataille, mais, en même temps, celle-ci m’a annihilé. Dieu m’a sauvé en me permettant d’être piégé par des gens corrompus. J’ai mené une guerre contre le meurtre en série. Je crois que j’y suis arrivé grâce à Jésus-Christ. Ma propre foi en Jésus me garantit un avenir en tant qu’enfant de Dieu, mais cela ne m’empêche pas de croire en l’homme. Ma récompense, s’il y en a une, sera spirituelle. » Trois jours plus tard, la « spiritualité » de Schaefer paraît s’être envolée : « Je suis, en fait, un capitaine de la Mafia sudiste et j’ai le pouvoir de te faire assassiner. Il m’est déjà arrivé, par le passé, d’exercer ce pouvoir (…). J’appartiens au Syndicat [du crime]. On me connaît sous le surnom de “Don El Tigre”. »

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