Delphi Complete Works of Oscar Wilde (Illustrated) (42 page)

BOOK: Delphi Complete Works of Oscar Wilde (Illustrated)
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HÉRODIAS.  Qu’est-ce que cela vous fait qu’elle danse dans le sang?  Vous avez bien marché dedans, vous . . .

 

HÉRODE.  Qu’est-ce que cela me fait?  Ah! regardez la lune!  Elle est devenue rouge.  Elle est devenue rouge comme du sang.  Ah! le prophète l’a bien prédit.  Il a prédit que la lune deviendrait rouge comme du sang.  N’est-ce pas qu’il a prédit cela?  Vous l’avez tous entendu.  La lune est devenue rouge comme du sang.  Ne le voyez-vous pas?

 

HÉRODIAS.  Je le vois bien, et les étoiles tombent comme des figues vertes, n’est-ce pas?  Et le soleil devient noir comme un sac de poil, et les rois de la terre ont peur.  Cela au moins on le voit.  Pour une fois dans sa vie le prophète a eu raison.  Les rois de la terre ont peur . . . Enfin, rentrons.  Vous êtes malade.  On va dire à Rome que vous êtes fou.  Rentrons, je vous dis.

 

LA VOIX D’IOKANAAN.  Qui est celui qui vient d’Edom, qui vient de Bosra avec sa robe teinte de pourpre; qui éclate dans la beauté de ses vêtements, et qui marche avec une force toute puissante?  Pourquoi vos vêtements sont-ils teints d’écarlate?

 

HÉRODIAS.  Rentrons.  La voix de cet homme m’exaspère.  Je ne veux pas que ma fille danse pendant qu’il crie comme cela.  Je ne veux pas qu’elle danse pendant que vous la regardez comme cela.  Enfin, je ne veux pas qu’elle danse.

 

HÉRODE.  Ne te lève pas, mon épouse, ma reine, c’est inutile.  Je ne rentrerai pas avant qu’elle n’ait dansé.  Dansez, Salomé, dansez pour moi.

 

HÉRODIAS.  Ne dansez pas, ma fille.

 

SALOMÉ.  Je suis prête, tétrarque.

 

[Salomé danse la danse des sept voiles.]

 

HÉRODE.  Ah! c’est magnifique, c’est magnifique!  Vous voyez qu’elle a dansé pour moi, votre fille.  Approchez, Salomé!  Approchez, afin que je puisse vous donner votre salaire.  Ah! je paie bien les danseuses, moi.  Toi, je te paierai bien.  Je te donnerai tout ce que tu voudras.  Que veux-tu, dis?

 

SALOMÉ
[s’agenouillant]
Je veux qu’on m’apporte présentement dans un bassin d’argent . . .

 

HÉRODE
[riant]
Dans un bassin d’argent? mais oui, dans un bassin d’argent, certainement.  Elle est charmante, n’est-ce pas?  Qu’est-ce que vous voulez qu’on vous apporte dans un bassin d’argent, ma chère et belle Salomé, vous qui êtes la plus belle de toutes les filles de Judée?  Qu’est-ce que vous voulez qu’on vous apporte dans un bassin d’argent?  Dites-moi.  Quoi que cela puisse être on vous le donnera.  Mes trésors vous appartiennent.  Qu’est-ce que c’est, Salomé.

 

SALOMÉ
[se levant]
La tête d’Iokanaan.

 

HÉDODIAS.  Ah! c’est bien dit, ma fille.

 

HÉRODE.  Non, non.

 

HÉRODIAS.  C’est bien dit, ma fille.

 

HÉRODE.  Non, non, Salomé.  Vous ne me demandez pas cela.  N’écoutez pas votre mère.  Elle vous donne toujours de mauvais conseils.  Il ne faut pas l’écouter.

 

SALOMÉ.  Je n’écoute pas ma mère.  C’est pour mon propre plaisir que je demande la tête d’Iokanaan dans un bassin d’argent.  Vous avez juré, Hérode.  N’oubliez pas que vous avez juré.

 

HÉRODE.  Je le sais.  J’ai juré par mes dieux.  Je le sais bien.  Mais je vous supplie, Salomé, de me demander autre chose.  Demandez-moi la moitié de mon royaume, et je vous la donnerai.  Mais ne me demandez pas ce que vous m’avez demandé.

 

SALOMÉ.  Je vous demande la tête d’Iokanaan.

 

HÉRODE.  Non, non, je ne veux pas.

 

SALOMÉ.  Vous avez juré, Hérode.

 

HÉRODIAS.  Oui, vous avez juré.  Tout le monde vous a entendu.  Vous avez juré devant tout le monde.

 

HÉRODIAS.  Taisez-vous.  Ce n’est pas à vous que je parle.

 

HÉRODIAS.  Ma fille a bien raison de demander la tête de cet homme.  Il a vomi des insultes contre moi.  Il a dit des choses monstrueuses contre moi.  On voit qu’elle aime beaucoup sa mére.  Ne cédez pas, ma fille.  Il a juré, il a juré.

 

HÉRODE.  Taisez-vous.  Ne me parlez pas . . . Voyons, Salomé, il faut être raisonnable, n’est-ce pas?  N’est-ce pas qu’il faut être raisonnable?  Je n’ai jamais été dur envers vous.  Je vous ai toujours aimée . . . Peut-être, je vous ai trop aimée.  Ainsi, ne me demandez pas cela.  C’est horrible, c’est épouvantable de me demander cela.  Au fond, je ne crois pas que vous soyez sérieuse.  La tête d’un homme décapitée, c’est une chose laide, n’est-ce pas?  Ce n’est pas une chose qu’une vierge doive regarder.  Quel plaisir cela pourrait-il vous donner?  Aucun.  Non, non, vous ne voulez pas cela . . . Écoutez-moi un instant.  J’ai une émeraude, une grande émeraude ronde que le favori de César m’a envoyée.  Si vous regardiez à travers cette émeraude vous pourriez voir des choses qui se passent à une distance immense.  César lui-même en porte une tout à fait pareille quand il va au cirque.  Mais la mienne est plus grande.  Je sais bien qu’elle est plus grande.  C’est la plus grande émeraude du monde.  N’est-ce pas que vous voulez cela?  Demandez-moi cela et je vous le donnerai.

 

SALOMÉ.  Je demande la tête d’Iokanaan.

 

HÉRODE.  Vous ne m’écoutez pas, vous ne m’écoutez pas.  Enfin, laissez-moi parler, Salomé.

 

SALOMÉ.  La tête d’Iokanaan.

 

HÉRODE.  Non, non, vous ne voulez pas cela.  Vous me dites cela seulement pour me faire de la peine, parce que je vous ai regardée pendant toute la soirée.  Eh! bien, oui.  Je vous ai regardée pendant toute la soirée.  Votre beauté m’a troublé.  Votre beauté m’a terriblement troublé, et je vous ai trop regardée.  Mais je ne le ferai plus.  Il ne faut regarder ni les choses ni les personnes.  Il ne faut regarder que dans les miroirs.  Car les miroirs ne nous montrent que des masques . . . Oh!  Oh! du vin! j’ai soif . . . Salomé, Salomé, soyons amis.  Enfin, voyez . . . Qu’est-ce que je voulais dire?  Qu’est-ce que c’était?  Ah! je m’en souviens! . . . Salomé!  Non, venez plus près de moi.  J’ai peur que vous ne m’entendiez pas . . . Salomé, vous connaissez mes paons blancs, mes beaux paons blancs, qui se promènent dans le jardin entre les myrtes et les grands cyprès.  Leurs becs sont dorés, et les grains qu’ils mangent sont dorés aussi, et leurs pieds sont teints de pourpre.  La pluie vient quand ils crient, et quand ils se pavanent la lune se montre au ciel.  Ils vont deux à deux entre les cyprès et les myrtes noirs et chacun a son esclave pour le soigner.  Quelquefois ils volent à travers les arbres, et quelquefois ils couchent sur le gazon et autour de l’étang.  Il n’y a pas dans le monde d’oiseaux si merveilleux.  Il n’y a aucun roi du monde qui possède des oiseaux aussi merveilleux.  Je suis sûr que même César ne possède pas d’oiseaux aussi beaux.  Eh bien! je vous donnerai cinquante de mes paons.  Ils vous suivront partout, et au milieu d’eux vous serez comme la lune dans un grand nuage blanc . . . Je vous les donnerai tous.  Je n’en ai que cent, et il n’y a aucun roi du monde qui possède des paons comme les miens, mais je vous les donnerai tous.  Seulement, il faut me délier de ma parole et ne pas me demander ce que vous m’avez demandé. 
[Il vide la coupe de vin.]

 

SALOMÉ.  Donnez-moi la tête d’Iokanaan.

 

HÉRODIAS.  C’est bien dit, ma fille!  Vous, vous êtes ridicule avec vos paons.

 

HÉRODE.  Taisez-vous.  Vous criez toujours.  Vous criez comme une bête de proie.  Il ne faut pas crier comme cela.  Votre voix m’ennuie.  Taisez-vous, je vous dis . . . Salomé, pensez à ce que vous faites.  Cet homme vient peut-être de Dieu.  Je suis sûr qu’il vient de Dieu.  C’est un saint homme.  Le doigt de Dieu l’a touché.  Dieu a mis dans sa bouche des mots terribles.  Dans le palais, comme dans le désert, Dieu est toujours avec lui . . . Au moins, c’est possible.  On ne sait pas, mais il est possible que Dieu soit pour lui et avec lui.  Aussi peut-être que s’il mourrait, il m’arriverait un malheur.  Enfin, il a dit que le jour où il mourrait il arriverait un malheur à quelqu’un.  Ce ne peut être qu’à moi.  Souvenez-vous, j’ai glissé dans le sang quand je suis entré ici.  Aussi j’ai entendu un battement d’ailes dans l’air, un battement d’ailes gigantesques.  Ce sont de très mauvais présages.  Et il y en avait d’autres.  Je suis sûr qu’il y en avait d’autres, quoique je ne les aie pas vus.  Eh bien!  Salomé, vous ne voulez pas qu’un malheur m’arrive?  Vous ne voulez pas cela.  Enfin, écoutez-moi.

 

SALOMÉ.  Donnez-moi la tête d’Iokanaan.

 

HÉRODE.  Vous voyez, vous ne m’écoutez pas.  Mais soyez calme.  Moi, je suis très calme.  Je suis tout à fait calme.  Écoutez.  J’ai des bijoux cachés ici que même votre mère n’a jamais vus, des bijoux tout à fait extraordinaires.  J’ai un collier de perles à quatre rangs.  On dirait des lunes enchaînées de rayons d’argent.  On dirait cinquante lunes captives dans un filet d’or.  Une reine l’a porté sur l’ivoire de ses seins.  Toi, quand tu le porteras, tu seras aussi belle qu’une reine.  J’ai des améthystes de deux espèces.  Une qui est noire comme le vin.  L’autre qui est rouge comme du vin qu’on a coloré avec de l’eau.  J’ai des topazes jaunes comme les yeux des tigres, et des topazes roses comme les yeux des pigeons, et des topazes vertes comme les yeux des chats.  J’ai des opales qui brûlent toujours avec une flamme qui est très froide, des opales qui attristent les esprits et ont peur des ténèbres.  J’ai des onyx semblables aux prunelles d’une morte.  J’ai des sélénites qui changent quand la lune change et deviennent pâles quand elles voient le soleil.  J’ai des saphirs grands comme des oeufs et bleus comme des fleurs bleues.  La mer erre dedans, et la lune ne vient jamais troubler le bleu de ses flots.  J’ai des chrysolithes et des béryls, j’ai des chrysoprases et des rubis, j’ai des sardonyx et des hyacinthes, et des calcédoines et je vous les donnerai tous, mais tous, et j’ajouterai d’autres choses.  Le roi des Indes vient justement de m’envoyer quatre éventails faits de plumes de perroquets, et le roi de Numidie une robe faite de plumes d’autruche.  J’ai un cristal qu’il n’est pas permis aux femmes de voir et que même les jeunes hommes ne doivent regarder qu’après avoir été flagellés de verges.  Dans un coffret de nacre j’ai trois turquoises merveilleuses.  Quand on les porte sur le front on peut imaginer des choses qui n’existent pas, et quand on les porte dans la main on peut rendre les femmes stériles.  Ce sont des trésors de grande valeur.  Ce sont des trésors sans prix.  Et ce n’est pas tout.  Dans un coffret d’ébène j’ai deux coupes d’ambre qui ressemblent à des pommes d’or.  Si un ennemi verse du poison dans ces coupes elles deviennent comme des pommes d’argent.  Dans un coffret incrusté d’ambre j’ai des sandales incrustées de verre.  J’ai des manteaux qui viennent du pays des Sères et des bracelets garnis d’escarboucles et de jade qui viennent de la ville d’Euphrate. . . Enfin, que veux-tu, Salomé?  Dis-moi ce que tu désires et je te le donnerai.  Je te donnerai tout ce que tu demanderas, sauf une chose.  Je te donnerai tout ce que je possède, sauf une vie.  Je te donnerai le manteau du grand prêtre.  Je te donnerai le voile du sanctuaire.

 

LES JUIFS.  Oh! Oh!

 

SALOMÉ.  Donne-moi la tête d’Iokanaan.

 

HÉRODE
[s’affaissant sur son siège]
  Qu’on lui donne ce qu’elle demande!  C’est bien la fille de sa mère! 
[Le premier soldat s’approche.  Hérodias prend de la main du tétrarque la bague de la mort et la donne au soldat qui l’apporte immédiatement au bourreau.  Le bourreau a l’air effaré.]
  Qui a pris ma bague?  Il y avait une bague à ma main droite.  Qui a bu mon vin!  Il y avait du vin dans ma coupe.  Elle était pleine de vin.  Quelqu’un l’a bu?  Oh! je suis sûr qu’il va arriver un malheur à quelqu’un. 
[Le bourreau descend dans la citerne.]
Ah! pourquoi ai-je donné ma parole?  Les rois ne doivent jamais donner leur parole.  S’ils ne la gardent pas, c’est terrible.  S’ils la gardent, c’est terrible aussi . . .

 

HÉRODIAS.  Je trouve que ma fille a bien fait.

 

HÉRODE.  Je suis sûr qu’il va arriver un malheur.

 

SALOMÉ
[Elle se penche sur la citerne et écoute.]
  Il n’y a pas de bruit.  Je n’entends rien.  Pourquoi ne crie-t-il pas, cet homme?  Ah! si quelqu’un cherchait à me tuer, je crierais, je me débattrais, je ne voudrais pas souffrir . . . Frappe, frappe, Naaman.  Frappe, je te dis . . . Non.  Je n’entends rien.  Il y a un silence affreux.  Ah! quelque chose est tombé par terre.  J’ai entendu quelque chose tomber.  C’était l’épée du bourreau.  Il a peur, cet esclave!  Il a laissé tomber son épée.  Il n’ose pas le tuer.  C’est un lâche, cet esclave!  Il faut envoyer des soldats. 
[Elle voit le page d’Hérodias et s’adresse à lui.]
  Viens ici.  Tu as été l’ami de celui qui est mort, n’est-ce pas?  Eh bien, il n’y a pas eu assez de morts.  Dites aux soldats qu’ils descendent et m’apportent ce que je demande, ce que le tétrarque m’a promis, ce qui m’appartient. 
[Le page recule.  Elle s’adresse aux soldais.]
  Venez ici, soldats.  Descendez dans cette citerne, et apportez-moi la tête de cet homme. 
[Les soldats reculent.]
  Tétrarque, tétrarque, commandez à vos soldats de m’apporter la tète d’Iokanaan.  [Un grand bras noir, le bras du bourreau, sort de la citerne apportant sur un bouclier d’argent la tête d’Iokanaan.  Salomé la saisit.  Hérode se cache le visage, avec son manteau.  Hérodias sourit et s’évente.  Les Nazaréens s’agenouillent et commencent à prier.]  Ah! tu n’as pas voulu me laisser baiser ta bouche, Iokanaan.  Eh bien! je la baiserai maintenant.  Je la mordrai avec mes dents comme on mord un fruit mûr.  Oui, je baiserai ta bouche, Iokanaan.  Je te l’ai dit, n’est-ce pas? je te l’ai dit.  Eh bien! je la baiserai maintenant . . . Mais pourquoi ne me regardes-tu pas, Iokanaan?  Tes yeux qui étaient si terribles, qui étaient si pleins de colère et de mépris, ils sont fermés maintenant.  Pourquoi sont-ils fermés?  Ouvre tes yeux!  Soulève tes paupières, Iokanaan.  Pourquoi ne me regardes-tu pas?  As-tu peur de moi, Iokanaan, que tu ne veux pas me regarder? . . . Et ta langue qui était comme un serpent rouge dardant des poisons, elle ne remue plus, elle ne dit rien maintenant, Iokanaan, cette vipère rouge qui a vomi son venin sur moi.  C’est étrange, n’est-ce pas?  Comment se fait-il que la vipère rouge ne remue plus? . . . Tu n’as pas voulu de moi, Iokanaan.  Tu m’as rejetée.  Tu m’as dit des choses infâmes.  Tu m’as traitée comme une courtisane, comme une prostituée, moi, Salomé, fille d’Hérodias, Princesse de Judée!  Eh bien, Iokanaan, moi je vis encore, mais toi tu es mort et ta tête m’appartient.  Je puis en faire ce que je veux.  Je puis la jeter aux chiens et aux oiseaux de l’air.  Ce que laisseront les chiens, les oiseaux de l’air le mangeront . . . Ah! Iokanaan, Iokanaan, tu as été le seul homme que j’ai aimé.  Tous les autres hommes m’inspirent du dégoût.  Mais, toi, tu étais beau.  Ton corps était une colonne d’ivoire sur un socle d’argent.  C’était un jardin plein de colombes et de lis d’argent.  C’était une tour d’argent ornée de boucliers d’ivoire.  Il n’y avait rien au monde d’aussi blanc que ton corps.  Il n’y avait rien au monde d’aussi noir que tes cheveux.  Dans le monde tout entier il n’y avait rien d’aussi rouge que ta bouche.  Ta voix était un encensoir qui répandait d’étranges parfums, et quand je te regardais j’entendais une musique étrange!  Ah! pourquoi ne m’as-tu pas regardée, Iokanaan?  Derrière tes mains et tes blasphèmes tu as caché ton visage.  Tu as mis sur tes yeux le bandeau de celui qui veut voir son Dieu.  Eh bien, tu l’as vu, ton Dieu, Iokanaan, mais moi, moi . . . tu ne m’as jamais vue.  Si tu m’avais vue, tu m’aurais aimée.  Moi, je t’ai vu, Iokanaan, et je t’ai aimé.  Oh! comme je t’ai aimé.  Je t’aime encore, Iokanaan.  Je n’aime que toi . . . J’ai soif de ta beauté.  J’ai faim de ton corps.  Et ni le vin, ni les fruits ne peuvent apaiser mon désir.  Que ferai-je, Iokanaan, maintenant?  Ni les fleuves ni les grandes eaux, ne pourraient éteindre ma passion.  J’étais une Princesse, tu m’as dédaignée.  J’étais une vierge, tu m’as déflorée.  J’étais chaste, tu as rempli mes veines de feu . . . Ah!  Ah! pourquoi ne m’as-tu pas regardée, Iokanaan?  Si tu m’avais regardée tu m’aurais aimée.  Je sais bien que tu m’aurais aimée, et le mystère de l’amour est plus grand que le mystére de la mort.  Il ne faut regarder que l’amour.

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