Valois
(Jeanne de), comtesse de Beaumont (vers 1304-1363). Fille du précédent et de sa
seconde épouse, Catherine de Courtenay. Demi-sœur de Philippe VI, roi de
France, Épouse de Robert d’Artois, comte de Beaumont-le-Roger (1318). Enfermée,
avec ses trois fils, à Château-Gaillard après le bannissement de Robert, puis
rentrée en grâce.
Valois
(Jeanne de), comtesse de Hainaut (vers 1295-1352). Fille de Charles de Valois
et de sa première épouse, Marguerite d’Anjou-Sicile. Sour de Philippe VI,
roi de France, Épouse (1305) de Guillaume, comte de Hainaut, de Hollande et de
Zélande, et mère de Philippa, reine d’Angleterre.
Via
(Arnaud de) ( ?-1335). Évêque d’Avignon (1317). Créé cardinal par
Jean XXII en juin 1317.
Warenne
(John de) (1286-1344). Comte de Surrey et de Sussex. Beau-frère de John
Fitzalan, comte d’Arundel. Chevalier et membre du Parlement dès 1306. Resté
fidèle au roi Édouard II, il fut cependant membre du Conseil de régence d’Édouard III.
Watriquet Brasseniex
, dit de Couvin. Originaire de Couvin, en Hainaut, village proche de
Namur. Ménestrel attaché aux grandes maisons de la famille Valois, acquit une
réelle célébrité pour ses lais composés entre 1319 et 1329. Ses œuvres furent
conservées dans de jolis manuscrits enluminés, exécutés sous sa direction pour
les princesses de son temps.
Notice biographique.
Né le 23 avril 1918 à Paris, Maurice
Druon dont les origines familiales se partagent entre le Languedoc, les
Flandres, le Brésil et la Russie, est marqué par une solide hérédité
littéraire ; puisqu’il est arrière-neveu du poète Charles Cros et neveu de
Joseph Kessel.
Enfance en Normandie ; études
secondaires au lycée Michelet ; lauréat du Concours général. Puis École
des sciences politiques. Dès l’âge de dix-huit ans, il publie dans des revues
et journaux littéraires.
Sorti aspirant de l’École de
cavalerie de Saumur, au début de 1940, il prend part à la bataille de France.
Démobilisé après l’armistice, il se replie en zone libre, où il fait
représenter sa première pièce,
Mégarée.
C’est à cette époque qu’il entre
en contact avec la Résistance. Il s’évadera de France, en 1942, traversant
clandestinement l’Espagne et le Portugal, pour rejoindre les Forces Françaises
Libres du général de Gaulle, à Londres. Aide de camp du général d’Astier de La
Vigerie, puis animateur du poste Honneur et Patrie et attaché au commissariat à
l’Intérieur, il compose alors, avec son oncle Joseph Kessel, les paroles du
Chant des Partisans, qui sera l’hymne de la Résistance. Dans le même temps, il
écrit son premier essai : les
Lettres d’un Européen
, qui font de
lui l’un des devanciers de l’Union européenne. Correspondant de guerre auprès
des armées alliées jusqu’à la fin des hostilités.
À partir de 1946, il se consacre à
la littérature, sans toutefois cesser de s’intéresser aux affaires publiques.
Prix Concourt en 1948, pour
Les Grandes Familles
, puis Prix Prince
Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre après le succès des
Rois
maudits
, il est élu à quarante-huit ans, en 1966, à l’Académie française où
il succède à Georges Duhamel.
Sa fidélité à la morale gaulliste
l’amènera à assumer les fonctions de ministre des Affaires culturelles de 1973
à 1974, puis de député de Paris de 1978 à 1981, en même temps que celles de
représentant de la France au Conseil de l’Europe et de député au Parlement
européen.
Depuis novembre 1985, Maurice Druon
est Secrétaire perpétuel de l’Académie française, où son action soutient
l’essor de la Francophonie.
Il est également membre de
l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie d’Athènes et de l’Académie des
Sciences de Lisbonne.
[1]
L’Église n’a jamais imposé de législation fixe ou uniforme au rituel
du mariage et s’est plutôt contentée d’entériner des usages particuliers.
La
diversité des rites et la tolérance de l’Église à leur égard reposent sur le fait
que le mariage est par essence un contrat entre individus et un sacrement dont
les contractants sont l’un envers l’autre mutuellement les ministres. La
présence du prêtre, et même de tout témoin, n’était nullement requise dans les
églises chrétiennes primitives. La bénédiction n’est devenue obligatoire qu’à
partir d’un décret de Charlemagne. Jusqu’à la réforme du Concile de Trente au
XVI
ème
siècle, les fiançailles, par leur caractère d’engagement,
avaient presque autant d’importance que le mariage lui-même.
Chaque
région avait ses usages particuliers qui pouvaient varier d’un diocèse à un
autre. Ainsi le rite de Hereford était différent du rite d’York. Mais de façon
générale l’échange de vœux constituant le sacrement proprement dit avait lieu
en public à l’extérieur de l’église. Le roi Édouard I
er
épousa
de la sorte Marguerite de France, en septembre 1299, à la porte de la
cathédrale de Canterbury. L’obligation faite de nos jours de tenir ouvertes les
portes de l’église pendant la cérémonie du mariage, et dont la non-observance
peut constituer un cas d’annulation, est une précise survivance de cette
tradition.
Le rite
nuptial de l’archidiocèse d’York présentait certaines analogies avec celui de
Reims, en particulier en ce qui concernait l’application successive de l’anneau
aux quatre doigts, mais à Reims le geste était accompagné de la formule
suivante :
Par cet
anel l’Église enjoint :
Que nos
deux cœurs en ung soient joints
Par
vray amour, loyale foy ;
Pour
tant je te mets en ce doy.
[2]
Après l’annulation de son mariage avec Blanche de Bourgogne (voir
notre précédent volume :
La Louve de France
), Charles IV avait
épousé successivement Marie de Luxembourg, morte en couches, puis Jeanne
d’Évreux. Celle-ci, nièce de Philippe le Bel par son père Louis de France comte
d’Évreux, était également nièce de Robert d’Artois par sa mère Marguerite
d’Artois, sœur de Robert.
[3]
Par un traité conclu à la fin de 1327, Charles IV avait échangé
le comté de la Marche, constituant précédemment son fief d’apanage, contre le
comté de Clermont en Beauvaisis que Louis de Bourbon avait hérité de son père,
Robert de Clermont. C’est à cette occasion que la seigneurie de Bourbon avait
été élevée en duché.
[4]
Cette année 1328 fut pour Mahaut d’Artois une année de maladie. Les
comptes de sa maison nous apprennent qu’elle dut se faire saigner le
surlendemain de ce conseil, 6 février 1328, et encore les 9 mai, 18 septembre
et 19 octobre.
[5]
Un chapeau d’or
: terme employé au Moyen
Âge concurremment à celui de couronne. Également en orfèvrerie, doigt
signifiait : bague.
[6]
Pierre Roger, précédemment abbé de Fécamp, avait fait partie de la
mission chargée des négociations entre la cour de Paris et la cour de Londres,
avant l’hommage d’Amiens. Il fut nommé au diocèse d’Arras le 3 décembre 1328 en
remplacement de Thierry d’Hirson ; puis il fut successivement archevêque
de Sens, archevêque de Rouen ; et, enfin, élu pape en 1342 à la mort de
Benoît XII, il régna sous le nom de Clément VI.
[7]
Jusqu’au XVI
ème
siècle, les grands miroirs, pour s’y voir
en buste ou en pied, n’existaient pas ; on ne disposait que de miroirs de
petites dimensions destinés à être pendus ou posés sur les meubles, ou encore
de miroirs de poche. Ils étaient soit de métal poli, comme ceux de l’Antiquité,
soit, et seulement depuis le XIII
ème
siècle, constitués par une
plaque de verre derrière laquelle une feuille d’étain était appliquée à la
colle transparente. L’étamage des glaces avec un amalgame de mercure et d’étain
ne fut inventé qu’au XVI
ème
siècle.
[8]
Cet hôtel de la Malmaison, de dimensions palatiales, devait devenir
par la suite l’Hôtel de ville d’Amiens.
[9]
On nomme
hortillonnages
des cultures maraîchères qui se
pratiquaient, et se pratiquent toujours, dans la large vallée marécageuse de la
Somme, aménagée, selon un procédé et un aspect très particuliers, pour le
maraîchage.
Ces
jardins, artificiellement créés en surélevant le sol à l’aide du limon dragué
dans le fond de la vallée, sont sillonnés de canaux qui drainent l’eau du
sous-sol, et sur lesquels les maraîchers, ou
hortillons
, se déplacent
dans de longues barques noires et plates, poussées à la perche, et qui les
amènent jusqu’au Marché d’Eau dans Amiens.
Les
hortillonnages couvrent un territoire de près de trois cents hectares.
L’origine latine du nom (
hortus : jardin
) permet de supposer que
ces cultures datent de la colonisation romaine.
[10]
On appelait
princes à fleur de lis
tous les membres de la
famille royale capétienne, parce que leurs armes étaient constituées d’un
semé
de France
(d’azur semé de fleurs de lis d’or) avec une bordure variant
selon leurs apanages ou fiefs.
[11]
Guillaume de la Planche, bailli de Béthune, puis de Calais, se
trouvait en prison pour l’exécution hâtive d’un certain Tassard le Chien, qu’il
avait, de sa propre autorité, condamné à être traîné et pendu.
La Divion était venu le voir en sa prison et elle
lui avait promis que, s’il témoignait dans le sens qu’elle lui indiquait, le
comte d’Artois le tirerait d’affaire en faisant intervenir Miles de Noyers.
Guillaume de la Planche, lors de la contre-enquête, se rétracta et déclara
qu’il n’avait déposé que «
par peur des menaces et par doute de
demeurer très longtemps et de mourir en prison, s’il refusait d’obéir à
Monseigneur Robert qui était si grand, si puissant et si avant environ le
roi ».
[12]
Mesquine
ou
meschine
(du wallon
eskène,
ou
méquène
en Hainaut, ou encore, en provençal,
mesquin
)
signifiant : faible, pauvre, chétif, ou misérable, était le qualitatif
généralement appliqué aux servantes.
[13]
En juin 1320, Mahaut avait fait marché avec Pierre de Bruxelles,
peintre demeurant à Paris, pour la décoration à fresques de la grande galerie
de son château de Conflans, situé au confluent de la Marne et de la Seine.
L’accord indiquait très précisément les sujets de ces fresques – portraits
du comte Robert II et de ses chevaliers en batailles de terre et de
mer – les vêtements que devaient porter les personnages, les couleurs, et
la qualité des matériaux utilisés.
Les peintures furent achevées le 26
juillet 1320.
[14]
Ces recettes de sorcellerie, dont l’origine remonte au plus haut Moyen
Âge, étaient encore utilisées du temps de Charles IX et même sous
Louis XIV ; certains assurèrent que la Montespan se prêta à la
préparation de telles pâtes conjuratoires. Les recettes de la composition des
philtres d’amour, qu’on lira plus loin, sont extraites des recueils du Petit ou
du Grand Albert.
[15]
Nous rappelons qu’après un emprisonnement de onze ans à
Château-Gaillard, Blanche de Bourgogne fut transférée au château de Gournay,
près Coutances, pour prendre enfin le voile à l’abbaye de Maubuisson où elle
mourut en 1326. Mahaut, sa mère, devait être elle-même inhumée à
Maubuisson ; ses restes ne furent transférés que plus tard à Saint-Denis
où se trouve toujours son gisant, le seul, à notre connaissance, qui soit fait
de marbre noir.
[16]
De la Chandeleur de 1329 jusqu’au 23 octobre, Mahaut semble avoir été
en excellente santé et n’avoir eu à faire que très peu appel à ses médecins
ordinaires. Du 23 octobre, date de son entrevue avec Philippe VI à
Maubuisson, jusqu’au 26 novembre, veille de sa mort, on peut suivre presque
jour par jour l’évolution de sa maladie, grâce aux paiements faits par son
trésorier aux
mires, physiciens, barbiers, herbière, apothicaires
et
espiciers
, pour leurs soins ou leurs fournitures.
[17]
Le premier des douze enfants d’Édouard III et de Philippa de
Hainaut, Édouard de Woodstock, prince de Galles, qu’on appela le Prince Noir, à
cause de la couleur de son armure.
C’est lui
qui devait remporter la victoire de Poitiers sur le fils de Philippe VI de
Valois, Jean II, et faire ce dernier prisonnier.
Au cours d’une existence de grand
chef de guerre, il vécut surtout sur le Continent, fut l’un des personnages
dominants des débuts de la guerre de Cent Ans, et mourut un an avant son père,
en 1376.
[18]
Le texte original du jugement de Roger Mortimer fut rédigé en
français.
[19]
Les Common Gallows de Londres (le Montfaucon des Anglais), où étaient
exécutés la plupart des condamnés de droit commun, étaient situés en bordure
des bois de Hyde Park, au lieu appelé Tyburn, et qu’occupe actuellement Marble
Arch. Pour y parvenir, depuis la Tour, il fallait donc traverser tout Londres,
et sortir de la ville. Ce gibet fut utilisé jusqu’au milieu du XVIII
ème
siècle. Une plaque discrète en signale l’emplacement.
[20]
La reine Jeanne la Boiteuse était coutumière de pareils méfaits et
lorsqu’elle avait pris en détestation l’un des amis, conseillers ou serviteurs
de son époux, usait des pires moyens pour assouvir sa haine.
Ainsi,
voulant se débarrasser du maréchal Robert Bertrand, dit le Chevalier au Vert
Lion, elle adressa au prévôt de Paris une lettre « de par le roi »
lui ordonnant d’arrêter le maréchal pour trahison, et de l’envoyer pendre
sur-le-champ au gibet de Montfaucon. Le prévôt était l’intime ami du
maréchal ; cet ordre soudain que n’avait précédé aucune action de justice
le stupéfia ; au lieu de conduire Robert Bertrand à Montfaucon, il
l’emmena d’urgence trouver le roi, lequel leur fit le meilleur accueil,
embrassa le maréchal et ne comprit rien à l’émoi de ses visiteurs. Quand ils lui
montrèrent l’ordre d’arrestation, il reconnut aussitôt que l’ordre venait de sa
femme et il enferma celle-ci, dit le chroniqueur, dans une chambre où il la
battit à coups de bâton et tellement « qu’il s’en fallut de peu qu’il la
tuât ».
L’évêque
Jean de Marigny faillit lui aussi être victime des criminelles manœuvres de la
Boiteuse. Il lui avait déplu et ne le savait pas. Il revenait d’une mission en
Guyenne ; la reine feint de l’accueillir avec de grandes effusions
d’amitié et pour le défatiguer lui fait préparer un bain au Palais. L’évêque
d’abord refuse, n’en voyant pas l’urgente nécessité ; mais la reine
insiste, lui disant que son fils Jean, le duc de Normandie (le futur
Jean II), va se baigner également. Et elle l’accompagne aux étuves. Les
deux bains sont prêts ; le duc de Normandie, par mégarde ou indifférence,
se dirige vers le bain destiné à l’évêque et s’apprête à y entrer, quand sa
mère, brusquement, l’en empêche, donnant des signes d’affolement. On s’étonne.
Jean de Normandie, qui était fort ami de Marigny, flaire un piège, prend un
chien qui rôdait là et le jette dans la cuve ; le chien meurt aussitôt. Le
roi Philippe VI, quand l’incident lui fut raconté, à nouveau enferma sa
femme et la roua « à coup de torches ».
Quant à
l’hôtel de Nesle, il lui avait été donné par son mari en 1332, c’est-à-dire
deux ans après que celui-ci eut acheté l’hôtel aux exécuteurs testamentaires de
la fille de Mahaut, Jeanne de Bourgogne la Veuve, qui le tenait elle-même de
son époux Philippe V.
En
exécution d’une clause du testament de Jeanne la Veuve, le produit de la vente,
mille livres en espèces plus un revenu de deux cents livres, servit à la
fondation et à l’entretien d’une maison d’écoliers installée dans une
dépendance de l’hôtel. C’est là l’origine du célèbre Collège de
Bourgogne ; c’est également la cause de la confusion qui s’est établie,
dans la mémoire populaire, entre les deux belles-sœurs, Marguerite et Jeanne de
Bourgogne.
Les
débauches d’écoliers qu’on attribua à Marguerite, et qui n’existèrent jamais
que dans la légende, trouvent là leur explication.
[21]
Fautre
, ou
faucre
: crochet fixé
au plastron de l’armure et destiné à y appuyer le bois de la lance et à en
arrêter le recul au moment du choc. Le
fautre
était fixe jusqu’à la fin
du XIV
ème
siècle ; on le fit ensuite à charnière ou à ressort
pour remédier à la gêne que causait cette saillie dans les combats à l’épée.